Promesse de postes intéressants, condamnation des injures envers les harkis: la cabale des provocations va bon train. Les nouvelles mesures françaises en faveur des harkis n'ont pas été sans susciter moult indignations au sein des milieux politiques algériens. Ainsi, l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM) n'a pas tardé à réagir à cette énième provocation. Et pour cause. «La glorification de la collaboration par nos ennemis d'hier constitue une attitude indécente qui inspire le rejet», a affirmé, dimanche à Biskra, son secrétaire général Saïd Abadou. Lors d'une conférence organisée à l'occasion de la commémoration du 53e anniversaire de la bataille de T'ghasra Orchmadhès, dans l'extrême sud du massif des Aurès dans la wilaya de Biskra, Abadou a exprimé son ferme refus de cautionner une telle attitude. Et comment donc Hubert Falco, secrétaire d'Etat français à la Défense et aux Anciens combattants a déclaré, vendredi dernier lors de la célébration de la 9e Journée d'hommage national aux harkis, qu'«au-delà de la reconnaissance morale de la Nation, celle-ci devait aux harkis une reconnaissance concrète, c'est-à-dire sociale et économique». De ce fait, il a mis en exergue la prolongation et le renforcement du plan d'emploi en faveur des enfants des harkis jusqu'à fin 2010. Plus que cela, il a promis l'attribution de l'allocation de reconnaissance qui est de 20.000 euros à une centaine de harkis. Poussant le bouchon plus loin, il a annoncé une modification de la loi du 23 février 2005 portant «reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés», de façon à permettre aux tribunaux de «condamner la diffamation et l'injure envers les harkis, de la même manière que sont sanctionnés dans notre pays les propos à caractères racistes», a-t-il ajouté. Fustigeant les initiateurs de cette politique, Saïd Abadou s'est dit outré et a soutenu que «les moudjahidine qui n'imaginaient pas que les Français puissent cultiver à ce point le goût de la glorification de la collaboration pendant la lutte armée, ne peuvent que ressentir du rejet devant une telle attitude», et de s'interroger: «Depuis quand la traîtrise et la collaboration constituent-elles une valeur pour le peuple algérien ou pour tout autre peuple?» Une position qui se voulait une ferme affirmation du rejet de toute entreprise et d'encouragement de la trahison. Dans le même contexte, il a ajouté que «le colonialisme ne cesse de s'auto glorifier en prétendant encore qu'il est une source de civilisation». Il a rappelé également que l'Algérie «a connu des campagnes similaires durant la lutte armée, mais qui ont été avortées». Une façon comme une autre de dire que l'Etat français ne cesse d'alimenter la culture du mépris et de la haine à coups d'oukases en série, et cela depuis l'occupation du territoire algérien. Rappelons que la France s'apprête à prendre de nouvelles mesures en faveur des harkis pour leur reconnaître, non seulement un statut social mais aussi un statut économique qui leur garantirait une sorte de pension. Cette initiative intervient après l'annonce de la création, par le gouvernement de Sarkozy, d'une fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie. Toutes ces mesures auront pour bénéficiaires la communauté des harkis et leurs descendants installés en France et estimé à quelque 400.000 personnes.