Comme prévu, le scénario réalisé par Youcef se réalise normalement. Il a réussi à faire parvenir son message codé à son père à travers ses frères sans qu'ils ne se rendent compte. Le père était resté en effet perplexe devant l'accueil au-dessus de la norme réservé par l'intendant du roi à ses étranges visiteurs au nombre de dix, leur approvisionnement généreux, le renvoi de la marchandise troquée et enfin la demande de Benjamin, leur petit frère par le père. Tous ces indices ont fini par convaincre le père de céder à la demande du généreux intendant. Si les frères étaient surtout préoccupés par une onzième charge de plus, Yaâqob était préoccupé par un vieux rêve qu'il cultivait au fond de son coeur, celui de retrouver son fils Youcef vivant, sain et sauf. Il n'avait pas tort de douter ainsi. Dès leur arrivée en Egypte, Youcef leur réserva un accueil chaleureux et ne put se retenir cette fois-ci d'annoncer à son frère la vérité. Cette scène est ainsi immortalisée par le Saint Coran: «Quand ils entrèrent dans la ville, comme le leur avait ordonné leur père, rien ne leur servit contre ce que Dieu avait décidé: ce n'était au reste qu'une précaution que Yaâqob avait jugée de leur recommander, étant, en vérité, instruit de ce que nous lui avions appris. Mais la plupart des hommes ne savent pas.»(68) Quand ils furent introduits auprès de Youcef, celui-ci donna asile chez lui à son frère et le lui dit: «Je suis ton frère. Ne t'afflige pas de ce qu'ils m'ont fait» (69) Agissant sur instruction du ciel, Youcef annonça également à son frère son intention de le retenir auprès de lui. Pour cela, il fabriqua un stratagème: Lorsqu'il leur eut fourni leurs approvisionnements, il mit sa coupe à boire dans les bagages de son frère (Benjamin), puis, agissant sur ses ordres, un héraut dit: «Ô gens de la caravane ! Vous êtes des voleurs!»(70) Revenant vers les serviteurs, ils (les frères de Youcef) dirent: «Qu'avez-vous perdu?» (71) «La coupe du roi ! dirent-ils en ajoutant: «Une charge de chameau récompensera celui qui la rapportera. Je m'en porte garant.»(72) Les exégètes s'attardèrent beaucoup sur cette nouvelle ruse de Youcef qui a voulu faire durer le suspense. Pour les frères, ce fut une véritable désolation d'autant plus qu'ils avaient pris serment de protéger Benjamin quoi qu'il fasse. Pour le père, ce fut autrement. Son fils Benjamin accusé de vol? Ça jamais!