Achour Ben Khayyal n'a pas trouvé mieux que de renouveler la demande d'extradition de la famille El Gueddafi La sauvagerie réservée à la triste fin de Mouamar El Gueddafi, son lynchage et l'exposition de son corps pendant une semaine sont toujours dans les mémoires. Passant outre tous les protocoles diplomatiques, le ministre libyen des Affaires étrangères, Achour Ben Khayyal, n'a pas trouvé mieux, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UMA à Alger, que de renouveler la demande d'extradition de la famille El Gueddafi. Une demande qui a été très mal perçue et très mal appréciée non seulement de la part du gouvernement mais aussi par l'homme de la rue. Cette réunion de haut niveau avait pourtant d'autres priorités qu'une famille de réfugiés, par ailleurs interdits de s'exprimer. Le premier grand défi auquel est soumise toute la région du Maghreb est bien évidemment la question sécuritaire. D'ailleurs, à l'issue de cette réunion consacrée justement à la question de la sécurité dans la région, les ministres des Affaires étrangères de l'UMA ont souligné la nécessité de mettre en place une politique sécuritaire commune. Mourad Medelci a jugé nécessaire de définir un concept commun des menaces qui représentent un danger et d'oeuvrer à «adopter une approche complémentaire et cohérente de la coopération maghrébine axée sur des bases solides et efficaces». Cette réunion «importante et première du genre, traduit notre profonde et sincère volonté d'examiner et de traiter les différents défis auxquels notre espace maghrébin fait face», a-t-il poursuivi. On peut admettre que le ministre libyen s'est trompé d'ordre du jour, mais qu'il soit à ce point en déphasage avec les valeurs de la région, ce serait très grave. Si l'Algérie a décidé de donner à titre humanitaire assistance à la famille El Gueddafi c'est parce qu'il y a une tradition séculaire qu'on ne peut pas enfreindre: c'est L'aânaya. Quel qu'en soit le prix, on ne peut pas transgresser cette règle séculaire quand il s'agit d'offrir gîte et protection aux femmes. Ces femmes n'ont rien à voir dans la gestion des affaires politiques de la Libye. Cela d'une part, de l'autre, les images écoeurantes et la sauvagerie réservée au colonel Mouamar El Gueddafi, son lynchage et l'exposition de son corps pendant une semaine, avant qu'il ne soit enterré, renseignent sur le sort qui serait réservé à cette famille si elle venait à être extradée dans ce pays. L'Algérie serait alors condamnée pour non-assistance à personnes en danger. La première priorité de cette réunion était donc la sécurité et le ministre libyen aurait mieux fait d'éclairer ses homologues sur la destination des milliers de pièces d'armes dont certaines très sophistiquées volées des arsenaux de l'ancienne armée de son pays. Ces armes mettent en danger la sécurité des 100 millions de Maghrébins tout en détériorant la situation dans toute la région du Sahel. Qu'il s'intéresse alors à mettre de l'ordre d'abord chez lui. Ou peut-être veut-il inciter l'Algérie à prendre exemple sur la Tunisie, dont le gouvernement a livré le Premier ministre sous El Gueddafi, M.Baghdadi, récemment et à l'insu du président Marzouki? Dans ces cas, il est très loin de donner des leçons à un pays qui s'est battu durant 8 ans contre les forces de l'Otan alors que lui et ses comparses ont invité les forces de l'Otan à bombarder ses compatriotes. Toute la différence se situe à ce niveau.