Les chefs d'Etat de l'Union africaine (UA), tenteront aujourd'hui d'élire un président à la tête de l'institution-clé de l'organisation, au risque d'étaler à nouveau les divisions du continent. Lors du précédent sommet, en janvier, le scrutin avait tourné au psychodrame, le président sortant de la Commission, le Gabonais Jean Ping, ayant échoué à réunir les deux-tiers des suffrages, bien que resté seul en lice au quatrième tour du scrutin l'opposant à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. L'Union africaine (UA) n'a «plus le droit d'échouer» à élire le président de la Commission, son organe-clé, après le blocage auquel avait abouti le précédent scrutin, a averti le président en exercice de l'organisation continentale Thomas Boni Yayi, en ouvrant son 19e sommet. En janvier, l'organisation avait étalé au grand jour ses divisions en ne parvenant pas à départager le président sortant gabonais Jean Ping et son adversaire sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. «En janvier dernier, nous avons échoué. A ce sommet nous n'avons plus le droit d'échouer», a lancé le chef de l'Etat béninois à la tribune. «C'est dans l'unité que nous trouverons une solution. Tout nouvel échec signifiera la division du continent», a-t-il ajouté. «Une telle situation ne saurait perdurer sans compromettre davantage le fonctionnement de la Commission et nuire à l'image et à la crédibilité de l'Union et de ses membres», a souligné M.Boni Yayi, lançant un «vibrant appel» pour que durant ce sommet soient «trouvés les voies et moyens pour sortir (...) de cette situation difficile». «Aujourd'hui les populations africaines et l'opinion internationale attendent de tester notre capacité à unifier notre continent par l'élection du président de la Commission», a-t-il ajoutéLes deux candidats s'affrontaient de nouveau hier, au lendemain d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) qui s'est penché sur les crises actuelles en Afrique, notamment au Mali, entre les deux Soudans ou dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). La lutte pour la présidence de la Commission risque fort de conduire à une nouvelle impasse, dommageable pour l'image de l'Afrique et de son organisation continentale, M.Ping et Mme Dlamini-Zuma maintenant fermement leur candidature et étant assurés de recueillir chacun au moins un tiers des suffrages. «Je ne vois comme seule issue possible qu'un retrait surprise (d'un des candidats) ou un accord politique», a estimé à Pretoria le directeur de l'Institut des Etudes de sécurité, Jakkie Cilliers. Mais aucun de ces deux scénarii n'apparaissait envisageable à quelques heures de l'ouverture du sommet. Le ton est notamment monté ces derniers jours entre M.Ping et le bloc austral, qui soutient la candidature sud-africaine. Le premier a dénoncé «une stratégie de désinformation» après un article d'un journal sud-africain annonçant son intention de se retirer, le second accusant le président sortant d'user de sa position pour sa campagne. Si aucun candidat n'emporte les deux-tiers des voix nécessaires dimanche (hier), Jean Ping pourrait se voir demander d'assurer l'intérim jusqu'au prochain sommet en janvier 2013. Le sommet d'hier et d'aujourd'hui, initialement prévu à Lilongwe, a été relocalisé à Addis-Abeba après le refus de la nouvelle présidente du Malawi, Joyce Banda, d'inviter le président soudanais Omar El Bechir, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI). Mme Banda, qui estimait qu'une telle présence nuirait aux liens entre son pays et ses bailleurs internationaux, a depuis annoncé qu'elle ne participerait pas au sommet à Addis-Abeba.