«C'est la première fois que les compagnies arrivent à un consensus...» Le plafonnement des remises sur les assurances facultatives automobiles suscite des questions venues des clients mais Hassan Khelifati précise que sa compagnie leur apporte des réponses. Suite à quoi les assurés paraissent convaincus. L'Expression: Les remises aux clients seront bientôt plafonnées, est-ce que le client acceptera facilement de payer plus? Hassan Khelifati: Il faut savoir que cette mesure ne doit pas être assimilée à une augmentation des tarifs. Il s'agit d'une réorganisation du marché. Ces réductions anarchiques concernent les risques facultatifs et non la responsabilité civile. Quel est votre point de vue sur ces pratiques? On constate que cette anarchie fait du mal aux assureurs qui perdent des primes. En conséquence, la qualité du service rendu est médiocre ce qui n'est ni du goût ni dans l'intérêt des assurés. Il y a lieu de se rapprocher du juste prix et de s'engager à livrer un service de qualité et d'effectuer les remboursements dans des délais raisonnables. C'est l'objectif de la démarche. C'est une première pour les compagnies... C'est en effet la première fois que les compagnies arrivent à un consensus pour prendre en charge leurs intérêts comme ceux des assurés. Même vis-à-vis de la loi, les remises souffrent d'absence d'ancrage juridique... La loi sur la concurrence interdit la vente à perte. Comment les assureurs arrivent-ils à survivre? Soit elles compensent par le biais des autres branches où elles n'arrivent pas à provisionner leurs sinistres futurs correctement ou bien elles masquent leurs pertes une année sur l'autre. Dans tous les cas, il faut poser les termes d'un vrai débat. Quels sont les délais impartis à l'application de la décision? Les assureurs ont prévu une rencontre prochainement car tout accord du secteur doit être porté à la connaissance de la commission de supervision du ministère des Finances. Ce dernier n'a pas émis d'objection étant donné que l'accord ne concerne pas la responsabilité civile. On va aussi mettre en place les mécanismes d'application de cet accord qui doit être respecté. Quelles sont les explications fournies pour vulgariser cette démarche? On a effectué une diffusion à travers notre réseau pour expliquer le nouveau mécanisme. Il y a des questions suscitées par les clients, auxquelles on apporte des réponses. Les assurés paraissent convaincus. Dans tous les cas, les réductions doivent obéir à une logique. Sinon les clients seront pénalisés par les réductions anarchiques. En plus, on explique qu'il ne s'agit pas d'une augmentation des tarifs mais d'une maîtrise des réductions. Comment le client assure-t-il son véhicule? La plupart des véhicules de moins de sept ans sont assurés en tous risques car la RC et le dommage collision n'offrent que des garanties limitées. En Algérie, la «tout risque» est perçue comme un permis de détruire. Il n'est pas normal qu'on transfère tous les risques de dégâts de l'assuré et des tiers à un assureur. A l'étranger, le montant de la RC est plus élevé. Chez nous, le prix d'une assurance tous risques est équivalent à celui d'une RC. Tout cela fait que le taux de délinquance routière atteint des proportions alarmantes. Les mêmes proportions sont atteintes par la fraude... La fraude est en effet un phénomène grave. On fait recours à des enquêtes par le biais de l'Algérienne de lutte contre la fraude à l'assurance. Sur 20 dossiers traités en mai dernier, 16 étaient frauduleux, ce qui se traduit par des pertes financières et des poursuites judiciaires. De nombreux éléments ont influé négativement sur votre bilan... Alliance Assurances a subi un déficit de 364 millions de dinars en 2011. Cela s'explique par 5 phénomènes. La société a provisionné une prime contentieuse de 351 millions de dinars comme elle subit la sous-tarification du risque automobile, à quoi s'ajoute une hausse exponentielle de la sinistralité (+172%) ainsi que le remboursement des sinistres qui s'élève pour un seul client à 180 millions de dinars et, enfin, un provisionnement supplémentaire de 730 millions de dinars, suite à une augmentation du coût moyen du sinistre matériel et corporel automobile. Est-ce que vous vous attendez à un redressement de la situation? Ces données ne remettent pas en cause la solidité financière de la compagnie qui travaille sur la consolidation des fondamentaux dans l'intérêt des investisseurs. En septembre, nous annoncerons les résultats du premier semestre de 2012. Qu'attendez-vous du réseau bancaire pour dynamiser la Bourse? Le réseau bancaire n'a pas pu replacer les titres sur le marché. Malgré l'engouement, un million d'actions ne sont pas satisfaites. Il faut des décisions politiques vis-à-vis des banques pour dynamiser la Bourse ainsi que des réformes sur le plan législatif. Nous sommes sollicités par des investisseurs internationaux pour participer à la vente et à l'achat des actions. A mi-2013, on va avoir la possibilité de le faire.