Sous un soleil de plomb, par milliers, les gardes communaux marchaient Leur objectif de porter leurs revendications au président de la République, n'est que retardé. Ça n'a pas marché. Plusieurs milliers de gardes communaux ont été empêchés, avant-hier, de marcher de Blida vers Alger. Leur procession a été bloquée dès la matinée à Boufarik par un impressionnant dispositif de la Gendarmerie nationale. Refusant l'affrontement, ils ont décidé de camper sur place et ce, jusqu'à la satisfaction de leurs revendications légitimes. Mais les dénonciations de l'empêchement de la marche n'ont pas manqué. Le délégué national et représentant de la wilaya de Bouira, Aliouat Lahlou, dresse une image saisissante. «Pour nous empêcher de marcher sur Alger, un escadron de la gendarmerie a bloqué l'autoroute sur les deux voies», a-t-il indiqué. Le film de la marche avortée La marche s'est ébranlée vers 6 heures du matin à partir de Blida, où les gardes communaux tenaient un sit-in depuis près d'un mois. Encadrés par quelques éléments vêtus de leur uniforme bleu et brandissant l'emblème national, ils n'ont pu marcher que quelques kilomètres, avant d'être stoppés à Boufarik. Sous un soleil de plomb, des milliers de gardes communaux marchaient le long de la bande d'arrêt d'urgence, au moment où les camions des forces de l'ordre ont stationné aux entrées de la capitale. Les gardes communaux marchaient avec détermination mais les forces anti-émeute étaient là pour les empêcher d'arriver jusqu'à Bir-Khadem, comme ce fut le cas lors de la précédente marche. «On ne voulait pas se heurter aux gendarmes mais nous sommes dans un champ et nous ne bougerons pas!», explique Hakim Chaïb, délégué national des gardes communaux. Entre-temps, «les délégués des wilayas sont partis en voiture afin d'atteindre Alger», a-t-il fait savoir. Sur l'autoroute, un nombre impressionnant de fourgons, de camions anti-émeute. Les gardes communaux ne veulent pas de violence, alors ils s'assoient à même le sol. Le colonel de la gendarmerie après s'être entretenu durant quelques instants avec les représentants des marcheurs, informe leurs camarades que les gendarmes ont reçu des instructions pour les réprimer et qu'il faut quitter l'autoroute et faire un sit-in à côté. «Ces derniers ont décidé de passer la nuit à Boufarik», affirme Aliouat Lahlou. Selon lui, «un officier est venu tenter de nous convaincre de partir par groupes de quatre ou dix. Nous avons refusé», raconte-t-il. Déterminés à rester à Boufarik, les gardes communaux veulent entrer à Alger tôt ou tard. «Blida, c'est fini! D'ailleurs le siège de la délégation est maintenant occupé par les éléments», souligne-t-il. Ce dernier affirme que d'autres gardes communaux continuent d'affluer vers le lieu de rassemblement. Tout compte fait, cette fois-ci, les gardes communaux n'ont pas tenté de franchir les barrages dressés par la Gendarmerie nationale. Vu le dispositif sécuritaire mis en place pour bloquer les protestataires, ils savaient que la confrontation était impossible. «J'ai parlé avec le colonel de l'escadron. Il m'a dit qu'ils ont reçu des instructions fermes pour les empêcher d'accéder à la capitale», fait savoir ce délégué. Auparavant, installés à deux cents mètres devant les éléments de la Gendarmerie nationale, les gardes communaux ont évacué l'autoroute et se sont rassemblés dans un champ, selon Aliouat Lahlou. Ils resteront là-bas jusqu'au départ des éléments de la gendarmerie, selon la même source. A la belle étoile Ainsi, les gardes communaux se sont installés dans le champ voisin. Comptant plusieurs milliers, les gardes communaux ont finalement passés la nuit dans le champ à la belle étoile, à la veille du mois sacré? Leur objectif de porter leurs revendications au président de la République, n'est que retardé car, «on ne décampe pas tant qu'on n'a pas satisfait nos revendication», fait savoir un garde communal rencontré sur place. Pour le moment, «aucune décision n'est prise quant à notre prochaine action, une chose est sûre, nous allons atteindre la Présidence de la République dans les prochains jours», a-t-il conclu. C'est donc la 2e marche empêchée de ce corps de sécurité. Le 9 juillet dernier, ils ont été stoppés à Birkhadem, à l'entrée Ouest de la capitale. Ils ont affronté les forces de l'ordre, déployées sur place pour les empêcher de gagner la Présidence de la République. Une centaine de personnes ont été blessées et d'autres arrêtées. Un garde communal est décédé mais la Dgsn a démenti tout lien avec l'intervention des forces de l'ordre contre les manifestants.