Les décharges sauvages prolifèrent portant un rude coup à l'environnement. Elle est bien révolue cette belle image que renvoyait Constantine des années 1980. Les trophées de la ville la plus propre qu'elle décrochait régulièrement ne sont hélas qu'un vague souvenir pour une population dont le nombre a doublé. Depuis plusieurs années, la saleté constitue un élément dominant du décor urbain. Ce phénomène ne concerne pas uniquement le centre-ville et la proximité des marchés et des rues commerçantes où l'incivisme et la démission des services publics sont criants, mais il a tendance à gagner les hauteurs de la ville et les quartiers périphériques où la situation n'est guère meilleure. Ordures ménagères, gravats laissés par des chantiers en cours ou à l'abandon et autres déchets solides font bon ménage avec une population qui ne s'offusque même pas de cette dégradation environnementale. Certains habitants des quartiers nord de la ville rétorquent que tant qu'ils n'ont pas l'eau 24h/24, ils ne pourront pas assurer une propreté convenable à leur cité. Quand il arrive de recevoir l'eau un jour sur quatre ou sur cinq au moment où la Marseillaise des eaux «bombarde» les médias de chiffres, «il ne faut nullement s'attendre à voir les gens s'impliquer dans le bon sens», estime un citoyen. S'agissant du ramassage des ordures ménagères, des progrès ont été faits, certes, mais Constantine reste encore loin des normes requises. Il y a lieu de constater ici que les nombreuses missions effectuées par des élus et des responsables locaux à Grenoble, dans le cadre du factice jumelage entre cette agglomération française et Constantine, si elles ont amélioré les connaissances touristiques de certains fonctionnaires, elles n'ont rien apporté à la population. Il n'y a qu'à voir les coins et recoins de la villes souvent jonchés d'ordures. «Quand des éboueurs travaillent sans équipement et sans protection adéquate, on se demande à quoi sert l'argent du contribuable», s'insurge un habitant de la ville. Des camions à bennes ouvertes pour ramasser les ordures au moment où l'on parle de 5 milliards de dollars consacrés au développement de la wilaya! Décidément, la propreté et l'hygiène publiques ne constituent pas encore une priorité! Que ce soit au centre-ville, au Khroub, à Ali Mendjeli, à Didouche Mourad, à Zighoud Youcef où dans n'importe quel quartier, cité et commune de Constantine, c'est le même tableau qui s'offre au regard du citoyen. La saleté, un véritable phénomène social a pris de l'ampleur sans inquiéter personne, le monde semble à l'aise dans ce décor auquel sont venus s'ajouter les fuites d'eau, les éclatements de canalisations des eaux usées, des travaux interminables de la Marseillaise des eaux défigurant ainsi l'image d'une ville historique par excellence. Jamais Constantine n'a été aussi sale que ces cinq dernières années et peut-être plus. Le manque d'hygiène a fini par s'ancrer dans l'esprit des citoyens au point où le contraire pourrait paraître anormal! Le manque de civisme a pris le dessus, pour ainsi dire la propreté ne fait plus partie de la culture de la plupart des habitants de Constantine. Ce sont des sacs pleins qui sont balancés par les fenêtres tout au long de la journée, quand ce ne sont pas des bouteilles d'eau ou de limonade. Les décharges sauvages prolifèrent portant un rude coup à l'environnement. Et cette situation évolue malheureusement sous les yeux des autorités, marquée par l'incivisme des citoyens et en l'absence d'une loi pouvant pénaliser le manque de civisme.