Si Amar Ghoul confirme son intention de créer un parti... Imprudence politique en plus d'une stratégie populiste, Bouguerra Soltani s'est retrouvé apprenti dans un exercice politique dangereux. Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), compte ses derniers jours à la tête du MSP. Son sort sera vraisemblablement scellé. La réunion du conseil consultatif, prévu pour les 26 et 27 du mois en cours, sera donc décisive et déterminante pour l'avenir politique de Bouguerra Soltani. Il est accusé par les cadres du MSP d'avoir été à l'origine des échecs cuisants lors de la précédente consultation législative et des dissensions qui commencent à bourgeonner. Mais ce n'est pas le seul grief retenu contre le président du MSP. Déjà lors des élections législatives du 10 mai dernier, quand il se voyait triomphant à la tête d'une mouvance islamiste algérienne, Soltani a multiplié les offres à ses «amis» du Qatar et de la Turquie. Des observateurs ont laissé entendre que Bouguerra Soltani aurait rencontré l'émir du Qatar et l'ex-président du FIS dissous Abassi Madani, à Doha. A cela, il faut ajouter les contacts intenses de M.Soltani avec Rached El Ghannouchi de Tunisie et Boukirane du Maroc. Ainsi donc, le MSP s'apprête à connaître un profond réaménagement de ses rangs à l'occasion de la tenue de la session ordinaire du conseil consultatif du parti. L'annonce de la création d'un parti politique par l'ancien ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, vient compliquer. la situation dans ce parti laminé lors des dernières législatives. Si Amar Ghoul confirme son intention de créer un parti, autant dire que le MSP sera tout simplement phagocyté par Ghoul. Ce dernier a une assise populaire très forte et qui s'est confirmée lors des dernières législatives. C'est lui qui a sauvé l'Alliance verte et c'est lui qui a damé le pion aux plus grandes formations politiques comme le FLN, le RND et le FFS en remportant la majorité des sièges au niveau de la capitale. C'est donc un mauvais choix pour le MSP que de perdre Amar Ghoul. L'attitude manifestée par le président du MSP a l'égard de M.Ghoul, n'a pas été du goût des cadres du MSP. Ces derniers souhaitent garder l'ancien ministre parmi eux oeuvrer à la relance politique de leur formation et espèrent tourner la page de Bouguerra Soltani. De sources crédibles, on a appris que près de 30% des membres du madjlis echoura sont prêts à rejoindre la nouvelle formation de Amar Ghoul. C'est dire donc que le prochain conseil consultatif sera le moment exceptionnel pour crever l'abcès. Les cadres du MSP reprochent à Bouguerra «ses mauvais choix» quant à son retrait de l'Alliance présidentielle et la création d'un conglomérat islamiste» avec El Islah et En Nahda. Et indirectement, les mêmes cadres pensent également que le refus d'une éventuelle participation au prochain gouvernement sera également une erreur stratégique, qui risque d'ouvrir la porte au départ de plusieurs cadres. Ivresse ou délire politique, Bouguerra Soltani, qui a défendu toutes les options du pouvoir, bec et ongles, vient de changer son fusil d'épaule. C'est un choix qui risque de lui coûter cher. D'autant plus que les frémissements des vents de la contestation, dénonçant les choix et options politiques arrêtés par le successeur de feu Mahfoud Nahnah menacent, risquent d'enfoncer le parti de nouveau dans un tourbillon de turbulences. Voulant se doter d'un crédit populaire disparu, depuis qu'il a rejoint le camp de l'Alliance présidentielle, Bouguerra Soltani s'est trompé d'adresse. Surfant aujourd'hui sur l'islamisme politique, qui a le vent en poupe ces derniers mois dans certains pays d'Afrique du Nord, le MSP compte changer de chemin politique et «s'émanciper» en prévision de l'élection présidentielle de 2014. La présence de Bouguerra Soltani à la tête du parti est de plus en plus contestée par les ténors de cette formation politique. Imprudence politique en plus d'une stratégie populiste, Bouguerra Soltani s'est retrouvé apprenti dans un exercice politique dangereux.