La bataille d'Alep inquiète la communauté internationale La Russie a averti qu'une tragédie menaçait à Alep et estime que le gouvernement syrien ne restera pas les bras croisés alors que des rebelles occupent les grandes villes. Les forces du régime de Bachar al-Assad ont lancé hier à coups de bombardements leur contre-offensive pour déloger les rebelles à Alep. Plusieurs pays occidentaux et l'ONU avaient exprimé leur préoccupation face à la perspective de cet assaut, Washington évoquant la possibilité d'un nouveau ́ ́massacre ́ ́. Les renforts qui se massent depuis des jours aux abords d'Alep se sont dirigés vers le quartier Salaheddine, a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'Osdh, ajoutant: ́ ́On peut dire que l'assaut a commencé. ́ ́ Des combats se déroulaient aux entrées de Salaheddine, ainsi que dans plusieurs quartiers de la capitale économique du pays, bombardés et survolés par des hélicoptères. L'assaut a été donné plus d'une semaine après l'ouverture de ce nouveau front le 20 juillet, l'armée ayant pu reprendre le dessus dans la capitale. Ailleurs dans le pays, l'armée tentait de prendre d'assaut la région de Lajjate, dans la province de Deraa (sud). Près de Hama (centre), la localité de Karnaz était assiégée et pilonnée par l'armée qui bombardait également des quartiers de Homs (centre), selon l'Osdh. Les rebelles se sont installés dans des ruelles très étroites, ́ ́ce qui rendra difficile la bataille ́ ́. Pour les rebelles, la ville est la clé de la Syrie du Nord. En la prenant, ils pourront assurer enfin la zone protégée réclamée depuis des mois par la révolution syrienne pour pouvoir soigner ses blessés et donner refuge aux déserteurs et à leurs familles. En accumulant les moyens militaires lourds autour d'Alep, Bachar s'apprête à commettre de nouvelles tueries contre son peuple, a dénoncé vendredi le ministère français des Affaires étrangères. La Russie a averti qu'une ́ ́tragédie ́ ́ menaçait à Alep tout en estimant qu'il n'était pas ́ ́réaliste ́ ́ d'escompter que le gouvernement syrien reste les bras croisés alors que des rebelles armés occupent les grandes villes. ́ ́Nous sommes en train de persuader le gouvernement qu'il doit faire de premiers gestes ́ ́, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue japonais à Sotchi (sud). ́ ́Comment peut-on espérer que dans une telle situation le gouvernement puisse simplement se résigner et dire d'accord, je me suis trompé. Venez et renversez-moi, changez le régime ́ ́, s'est interrogé M.Lavrov. ́ ́Ce n'est tout simplement pas réaliste - pas parce que nous sommes attachés à ce régime- mais tout simplement parce que ça ne marche pas ́ ́, a-t-il dit. ́ ́Nos partenaires occidentaux... avec certains voisins de la Syrie, pour l'essentiel encouragent, soutiennent et dirigent une lutte armée contre le régime ́ ́, a souligné le chef de la diplomatie russe. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé à Londres qu'il n'était pas possible de ́ ́continuer à assister en spectateur ou en observateur ́ ́ à ce qui se passait en Syrie, préconisant des actions conjointes de l'ONU, de l'OCI et de la Ligue arabe. «Nous avons passé beaucoup de temps à évoquer la situation effroyable en Syrie et notre profonde inquiétude que le régime ne se prépare à commettre des actes abominables dans et autour d'Alep ́ ́, a souligné pour sa part son homologue britannique David Cameron. Les Syriens ont fui Alep et ne prononcent qu'un mot: bombardement. A l'entrée d'Atareb, une ville poussiéreuse à une trentaine de km à l'ouest d'Alep, ils arrivent sans interruption depuis vendredi. ́ ́Plus de 3000 réfugiés sont passés ́ ́, dit un rebelle qui contrôle les identités à la recherche de policiers, militaires ou ́ ́chabbiha ́ ́, les nervis du régime. L'intensité des bombardements a jeté sur les routes des milliers d'habitants d'Alep, le poumon économique du pays, qui cherchent refuge dans les zones relativement épargnées par les combats, dans les villages contrôlées par la rébellion ou de l'autre côté de la frontière, en Turquie. Un car est arrêté par les rebelles au barrage de contrôle. A bord, les réfugiés sont silencieux, encore choqués par le départ précipité, écrasés par la chaleur. Aucun ne donne son nom mais certains consentent à dire quelques mots, pudiques, sans évoquer d'où viennent les tirs, qui combat, sans incriminer l'armée régulière ou les rebelles.