Le siège du ministère des Finances Les grands projets d'infrastructures seront annulés et la folie dépensière du gouvernement pour acheter la paix sociale sera stoppée. L'Exécutif reprendra le travail le 1er août prochain après un congé de 15 jours. De sources crédibles on a appris que le Conseil du gouvernement qui se tiendra ce mercredi, se penchera sur des dossiers d'importance comme l'amendement de la loi sur les hydrocarbures et le règlement budgétaire mais la pierre d'achoppement de cette réunion ministérielle sera, incontestablement, l'avant projet de la loi de finances 2013. «L'élaboration de cet avant-projet de loi tiendra nécessairement compte du contexte économique national et international particulier», rapportent nos sources. Deux événements interdépendants incitent à ces coupes budgétaires. La chute des prix du baril et la crise financière dans le monde, particulièrement en Europe. Dans la forme, cette austérité s'exprimera par la réduction des dépenses notamment dans les secteurs réputés budgétivores, l'annulation des grands projets d'infrastructures inscrits dans les différents programmes mais qui n'ont pas été lancés, et la fin de la folie dépensière pratiquée par le gouvernement depuis ces dernières années pour acheter la paix sociale. Ne seront financés donc que les projets prioritaires. Dans le fond, la réduction des vannes budgétaires sera inévitablement ressentie par le simple citoyen. Il subira de plein fouet le ralentissement de ce qui reste de l'activité économique en Algérie et donc un chômage plus dur. Bien avant l'élaboration de cette loi de finances un timide débat a été lancé non pas pour expliquer les enjeux mais préparer à cette rigueur financière. Ainsi, le ministre des Finances, Karim Djoudi, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohammed Laksaci, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, ainsi que le président-directeur général de Sonatrach, M.Zerguine, sont tous montés au créneau pour atténuer les effets de cette nouvelle qui a ébranlé bien des certitudes en Algérie. «La tendance baissière du prix du pétrole nous impose d'être prudents (...)», a prévenu le ministre des Finances. En effet, n'étant pas déconnectée de la réalité internationale, l'Algérie ne peut plus se permettre le luxe de redistribuer anarchiquement la rente. A l'occasion de la présentation du rapport de conjoncture annuel de la Banque d'Algérie, le gouverneur de cette banque, Mohammed Laksaci, a tiré la sonnette d'alarme sur la soutenabilité des finances publiques «qui ne peuvent plus fonctionner avec un baril à moins de 100 dollars». M.Yousfi a, pour sa part, annoncé que «si la chute récente des cours persiste, elle ferait perdre à l'Algérie 20 milliards de dollars». L'urgence d'une planification stratégique qui colle aux nouvelles mutations mondiales a été soulignée à maintes reprises par les économiste algériens. Car s'il n'est pas rassurant de voir couler des pays comme la Grèce, et regarder d'autres chavirer comme c'est le cas de l'Espagne, l'Italie et le Portugal, cette lame de fond ne peut pas épargner cette fois-ci l'Algérie. Dépendant à 98% des exportations d'hydrocarbures, l'Algérie est une économie exclusivement rentière. Or, avec la crise financière mondiale, la demande d'hydrocarbures se trouve ralentie puisqu'elle est fonction de la croissance de l'économie mondiale. Si la situation persiste, le résultat est très simple à deviner: l'Algérie qui importe 75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées subira directement cette crise. La boucle sera ainsi bouclée. Avec la chute des prix du baril, les incidences sur l'Algérie seront à un triple niveau: les recettes des hydrocarbures qui vont baisser, les dépenses publiques seront réduites de même que les réserves de change placées à l'étranger seront affectées. Cela, même si notre ministre des Finances s'évertuera à nous démontrer que la crise mondiale épargnera l'Algérie, comme il l'a déja fait en 2010 et 2011.