Agé de trente ans, l'actuel chef du GIA, n'avait plus d'objectifs politiques clairs à suivre. L'arrestation de l'émir actuel du Groupe islamique armé (GIA), n'a pas été confirmée par les services de sécurité, vingt-quatre heures après avoir été annoncée en scoop par un quotidien national. Les citoyens, tout autant que les divers services de sécurité, n'avaient pu, hier, affirmer «concrètement», que celui qui dirige le GIA depuis le 8 février 2002, jour de la mort de Antar Zouabri, est tombé à Souidania, où réside sa famille. Les riverains de Mahelma et de Souidania pensent qu'il s'agit, là, d'une fausse information, alors que d'autres estiment qu'il peut s'agir du terroriste arrêté, il y a six jours, à Dar El-Beïda, mais là encore, il s'avère que le jeune homme neutralisé n'est qu'un terroriste anonyme, non un responsable du GIA. Qu'à cela ne tienne, car à la faveur de cet imbroglio, Abou Tourab, fantomatique émir du GIA, refait surface. Depuis son intronisation à la tête du Groupe islamique armé, le 14 février 2002, dans un communiqué placardé dans la région de la Mitidja et cosigné par son officier-juriste, Abou Tourab, de son vrai nom Rachid Ouakali, n'a plus donné signe de vie. A la tête d'un GIA crépusculaire, menant à peine quelque soixante hommes disséminés dans la région de Blida, d'Alger et de Médéa, le nouveau chef du GIA menait une coquille quasi vide et son organisation n'était plus qu'un conglomérat composite de jeunes desperados à l'agonie. Son nom refait surface vers la fin de l'année 2002 avec l'arrestation du «groupe des 16», qui activait dans l'Algérois et qui fut neutralisé grâce aux aveux de Hocine Kobbi, terroriste devenu aveugle suite à l'explosion d'une bombe sur son passage dans un maquis de Chréa. Ce groupe avoue être dirigé par l'émir Abou Tourab. Dès lors, on n'entend plus parler d'Abou Tourab. Pis, l'autre chef du GIA, Farid Bechroul, dit «Khaled el fermache», aurait fait scission et récupéré argent et certains des irréductibles du groupe. Cela mena peu à peu Abou Tourab à n'être plus qu'un nom qui ne fait même pas peur et ses incursions se firent de plus en plus espacées dans le temps et de moins en moins meurtrières. La désagrégation totale du GIA était à l'ordre du jour, d'autant plus que, au centre et l'est du pays, une autre organisation faisait un exceptionnel tapage médiatique, le Gspc. Né le 14 juillet 1974, à Boufarik, Rachid Ouakali dit «Abou Tourab» est le cadet d'une fratrie de trois enfants, tous affiliés au GIA. L'aîné, Djilali, né le 9 octobre 1962 à Boufarik avait activé sous le commandement de Boualem Yahiaoui, des 1992, et fut abattu par les forces de sécurité lors d'un accrochage dans un CEM de Boufarik, le 13 mars 1994. Le benjamin, Ahmed, né le 12 septembre 1978 à Boufarik a rejoint le GIA vers la fin de l'année 1995. Mais c'est Rachid Abou Tourab qui grimpe rapidement les échelons du GIA en faisant partie du groupe de Haouch Grau mené par Antar Zouabri et en participant activement, depuis 1997, à toutes les attaques du GIA à Médéa, à Aïn Defla, à Meliana, à Tipasa et à Blida. Da constitution robuste, il était, avant 2002, un des fidèles lieutenants de Zouabri et passait même pour être son bras de droit. Sa succession à Zouabri à partir de février 2002 ne se passe pas sans encombre, et plusieurs hommes, dont Farid Becheroul, se séparèrent de lui. La neutralisation d'un chef d'une telle envergure reste encore à vérifier, même s'il est de notoriété que les arrestations de ce genre, soient passées sous silence, afin de permettre aux services spéciaux de passer ces chefs en «exploitation» et d'en tirer le maximum d'informations avant d'annoncer leur capture.