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Blanchi par la justice
Layada, une figure de proue du terrorisme
Publié dans El Watan le 14 - 03 - 2006

Détenu depuis treize ans à Serkadji, après avoir été condamné à la peine capitale, Abou Adlène, le tôlier de Baraki, vient de retrouver sa liberté.
La grâce dont il a bénéficié l'a blanchi de tous les crimes qu'il a commis entre 1991 et 1993. Très proche du parti dissous, il a entamé sa « carrière » de terroriste vers la fin de l'été 1991. Durant cette période, de nombreux groupes islamistes armés autonomes activaient sur le terrain. Plusieurs avaient pour chefs d'anciens islamistes, comme Abdelkader Chebouti, Mansouri Meliani. Chacun avait son territoire et ses troupes. Allel Mohamed, dit Moh Léveilley, était à la tête d'un groupe agissant à l'est d'Alger et qui a marqué cette région en assassinant des éléments des forces de l'ordre et de civils.
PLUSIEURS VERSIONS
C'est dans ce contexte que l'idée de se mettre sous la même organisation a germé dans la tête de certains chefs terroristes. Omar Chikhi, ancien responsable pour le FIS à Bouira, membre fondateur du GIA, a raconté qu'une première tentative pour unifier les rangs a eu lieu à Zbarbar entre Mansouri Meliani et Abdelkader Chebouti, mais sans aboutir. « Après la mort de Moh Léveilley, Abdelhak Layada m'a contacté par l'intermédiaire de Djaâfar El Afghani. La rencontre a eu lieu à Alger, où il m'a fait part de son vœu d'unifier les rangs. Il m'a révélé que sa tentative de ramener Chebouti a échoué et m'a demandé de convaincre les troupes de Mansouri Meliani, alors en prison, de la nécessité d'activer sous une seule direction. Il m'a proposé sa maison à Baraki pour cette réunion. Je connaissais tous les éléments de son groupe qui étaient en majorité d'anciens afghans. A cette première réunion, il y avait Ali Zouabri (le frère de Antar), Djaâfar El Afghani, Abdelhak Layada, Brahim Zekioui, un certain Mounir, très proche de Meliani, Fethi, Sid Ahmed Lahrani (ancien responsable du FIS) et moi-même. Le groupe de Chebouti a refusé de se joindre à nous. Nous avions désigné Layada comme émir, et les éléments de Meliani, chargés de l'organique du fait de leur expérience dans le domaine. C'est Lahrani qui a proposé le nom de groupe islamique armé. Layada a accepté et déclaré la naissance du GIA, en 1992. Layada en tant qu'émir a nommé Lahrani, thabet echariî (exégète). Il a rédigé le premier statut du GIA et m'a chargé de sa direction pour la wilaya de Bouira », avait déclaré Omar Chikhi, ancien chef du GIA, actuellement en liberté, dans un entretien à El Watan, en 1999. Une année plus tôt, un ancien membre du madjlis echoura du GIA pour l'Ouest, dirigé par Kada Benchiha, raconte, en se référant à des écrits de ce dernier, que le GIA a été créé à Peshawar par Kari Saïd et Ahmed El Oued, et Abou Leith El M'sili à l'issue de plusieurs réunions. « El Oued et Abou Leith appartiennent au courant du théologien Mohamed Kotb et de son frère Sayed. Pour sa part, Kari Saïd est la figure de proue de l'organisation des Frères musulmans et proche de Ben Laden. A l'ouverture politique entamée en 1989, cette organisation est entrée au pays et a entamé l'action armée. L'attentat de Guemmar est une opération qui devait se généraliser à l'ensemble du territoire national. Après l'échec de cet attentat, les responsables de ce mouvement ont pris contact avec Abdenacer El Eulmi, proche du courant salafiste. Plusieurs autres anciens afghans l'ont suivi ». Selon lui, une autre rencontre a regroupé le GIA avec l'organisation de Moh Léveilley et Abdelhak Layada qui ont unifié leurs rangs. Un accord a été signé et rendu public dans la publication du GIA, Echahada. « Cette réunion a donné naissance au GIA, dirigé par un émir national, secondé par des émirs de zones est, ouest, centre et sud du pays. Un règlement de l'organisation a été élaboré par Abdelhak Layada désigné émir national ».
LE CHAUFFEUR
Parallèlement, une réunion organisée par Abou Leith a eu lieu au Maroc et à laquelle ont assisté, entre autres, Kari Saïd et son frère Abderrahim, Houari Ould Moumna, Belghomri Djamel, Derrar Tahar, Kada Benchiha et Abdelhak Layada. Le principal objet était la destitution de ce dernier. « Cependant, la majorité des participants ont rejeté la demande. Finalement, Layada a été maintenu à la tête du GIA et Abou Leith a été désigné comme coordinateur de l'organisation à l'étranger. » La troisième version de la création du GIA a été donnée par Djamel Zitouni, dans un document publié dès son autoproclamation émir du GIA. Il a affirmé que le premier noyau du GIA était formé par Mohamed El Kheir. Son activité a commencé, selon Zitouni, dès 1990. Elle a rejoint, en 1991, le mouvement de Noureddine Selamna, abattu par les forces de sécurité en février 1992 et remplacé par Moh Léveilley, à qui a succédé Abdelhak Layada en octobre 1992. « Layada a réussi à fusionner ce groupe avec celui de Mansouri Meliani pour créer un nouveau mouvement appelé Groupe islamique armé, à la tête duquel il s'est autoproclamé émir national. Un communiqué a été rendu public pour annoncer la naissance du GIA et pour revendiquer les attentats qu'il a commis. » Pour sa part, Layada, lors de son jugement par la cour spéciale d'Alger en juin 1994, a bien sûr nié son statut d'émir national du GIA, après avoir reconnu dans un entretien accordé à El Moudjahid, le 12 octobre 1993, avoir eu sous ses ordres 600 terroristes. Lors de son procès, il a confirmé sa participation à la réunion du 23 février 1992, dans sa maison à Baraki, sous la direction de l'émir de Baraki, et à laquelle ont pris part, entre autres, les terroristes Sloughi Kamel, Settah Mohamed et Bayoud Youcef. L'intervention des gendarmes s'est soldée par la mort des terroristes, mais Layada a réussi à prendre la fuite. « C'est Ali Zouabri qui m'a demandé d'héberger ces gens-là... », avait-il déclaré à la cour. Il a également avoué que Ali Zouabri lui a présenté son groupe, alors que Moh Léveilley lui a proposé d'être son chauffeur. Un travail qu'il a accepté de faire. A ce titre, il a participé à de nombreux attentats. Tous les témoignages des terroristes sur la création du GIA ont présenté Layada, non pas comme un simple chauffeur d'un émir, mais comme une figure de proue du terrorisme islamiste.


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