«Quand un spécialiste parle d'un sujet, il faut écouter pour apprendre, au lieu de se lancer dans des réactions émotives.» Personnage mythique du XVIe siècle, Sidi Lakhdar Benkhe-louf, décédé à l'âge de 125 ans à Mostaganem, a été réhabilité au cours de la soirée du lundi 30 juillet à la fondation, les Amis de la rampe Louni-Arezki (Casbah). A cette occasion, le musicologue et chercheur Abdelkader Bendaâmache a animé une conférence-débat, la première du genre, pour réhabiliter cette immense personnalité et érudit qu'était Sidi Lakhdar Benkhelouf. Poète populaire au grand talent, dont l'oeuvre importante est chantée il fut un soufi convaincu et combattit l'invasion espagnole durant l'année 1558. Apportant son témoignage sur cette immense personnalité, le président de la Fondation, Arezki Aït Aoudia, a souligné qu'en 1962, il entendait déjà parler de lui. Mais, Sidi Lakhdar Benkhelouf est resté inconnu du grand public. «Tenant compte de l'importance du personnage historique, il est de notre devoir de réhabiliter la mémoire des personnalités culturelles, historiques d'une part, et de l'autre, encourager les chercheurs à approfondir davantage leurs travaux pour la préservation du patrimoine historique», affirme M. Aït Aoudia. Dans une salle archicomble, Abdelkader Bendaâmache évoque la richesse biographique et poétique de cette légende qui vient d'être réhabilitée. Le premier livre sur Sidi Lakhdar Benkhelouf a été publié en 1958 avec 74 poésies populaires et jusqu'en 2007, un deuxième livre a été mis sur le marché national. Dans un de ses poèmes portant sur la bataille, le 26 août 1558 contre des forces espagnoles à Mezeghrane, le poète écrivait: «Les Arabes et les Kabyles ont combattu ensemble l'invasion espagnole. Offrande de Dieu, aux deux chefs qui ont combattu ensemble l'ennemi.» «Beaucoup de choses que nous ignorons encore de lui», selon le conférencier, qui a été quelque peu gêné par des interventions hors sujet. «Quand un spécialiste ou chercheur parle d'un sujet, il faut écouter, au lieu de se lancer dans des réactions émotives», ont souligné des personnalités présentes, à l'image du maître de l'andalou Ahmed Serri et de cheikh Namouss, qui s'est déplacé pour l'occasion, malgré son âge avancé (97 ans). Léguant un trésor inestimable, l'écrivain renommé Kaddour M'Hamsadji, très connu sur la scène littéraire nationale, dira à ce propos: «La connaissance de l'histoire et la préservation du patrimoine national dans toutes ses dimensions, constituent les bases de l'avenir des générations futures.» Sidi Lakhdar Benkhelouf, à l'âge de 50 ans, fit un grand voyage à Tlemcen pour accomplir un acte de dévotion à l'endroit de Sidi Boumediene, le saint patron de cette ville d'où la légende d'«El Amana», ou le legs du saint savant à son illustre hôte. Avec la même ferveur spirituelle, à l'age de 78 ans, Sidi Lakhdar Benkhelouf, se rendait pendant l'été 1558 au mausolée de Sidi Abderrahmane Ethaâlibi, le saint gardien d'Alger, sis à l'entrée de la Casbah, pour célébrer, en fidèle disciple, du saint savant, une louange avec une profonde méditation de reconnaissance à la mémoire du grand savant et humaniste Sidi Abderrahmane Ethaâlibi. Patrimoine précieux, la bâtisse garde à nos jours, les traces des hommes qui ont fait l'histoire de l'Algérie éternelle. Un genre de rencontre à même de réhabiliter les personnalités historiques dans différentes disciplines, notamment la poésie et la musique.