Hier, les émeutes ont frappé aux portes d'Alger. A Rouiba, depuis deux jours, les citoyens ont carrément bloqué la route principale pour attirer l'attention des autorités publiques. Encore un problème de mauvaise répartition, de gestion douteuse des biens fonciers, seriez-vous tentés de dire. Mais encore un problème qui risque de déboucher sur des émeutes et d'alimenter, de fait, les troubles sociaux qui agitent «en continu», la société tout entière. Alger, la capitale aux cinq portes turques, et aux mille et un problèmes, s'agite. Manque d'eau, grogne des travailleurs, colère des citoyens dans leur quasi-majorité des communes et -surtout - des intoxications et des cas de typhoïde. Près de cent cas d'intoxication et 60 autres de typhoïde ont été recensés par les services de la Protection civile qui a eu fort à faire, il y a trois jours dans les communes de Dar El-Beïda, Mohammadia, Kouba et Hussein Dey. Mais les problèmes les plus épineux pointent à partir de Skikda. La belle ville de l'Est sent le soufre depuis quelques jours et donne l'impression d'être une région sur un baril de poudre, prête à exploser d'un moment à l'autre. Après Azzaba, Menzel Ben Diche a renoué, hier encore, avec les émeutes. Les citoyens ont brûlé et tout cassé sur leur passage. El Harrouch, la plus importante des daïras de Skikda, a connu, elle aussi, sa colère. Partout, les citoyens crient à l'injustice, à la gabegie et - fait nouveau - au manque d'eau. Pour la première fois, le pays se trouve confronté à ce problème de façon aussi accrue. A Skikda par exemple, certaines localités reçoivent l'eau un jour sur trois, d'autres, un jour sur... quinze. Notre consoeur Zohra Boussekine, journaliste dans un périodique local, nous a affirmé, hier, à partir de Skikda que le climat est tendu et que l'eau figure en tête des préoccupations des citoyens. «Le barrage de Kenitra connaît un seuil critique de 11,5 millions de m3, alors que la moyenne est de 125 millions de m3», a-t-elle ajouté. La ville d'Oran a, elle aussi, eu «ses» coups de gueule. A Senia, des citoyens se sont mobilisés pour exprimer leur colère face aux lenteurs de l'administration locale. La liste des bénéficiaires des 163 logements sociaux tarde à être affichée, du fait du «travail de fond» des contestataires. Les choses en sont restées là, et la colère gagne chaque jour en acuité. Tel est le triste tableau des communes et de la gestion des villes et villages algériens. Une véritable bombe à retardement