La contestation contre l'inadéquation entre l'offre d'emploi et la demande et les mesures prises par les autorités locales pour endiguer le problème du chômage gagne du terrain dans la wilaya de Ouargla où les chômeurs de la commune de Aïn Beïda, porte principale de la ville située à 6 km du chef-lieu de la wilaya, ont pris le relais de ceux de Hassi Messaoud en bloquant la route à la circulation. Une centaine de jeunes a participé à ce mouvement de protestation qui a commencé tôt le matin pour durer jusqu'à la mi-journée d'hier. Ni la médiation des élus de l'APC et encore moins celle de l'APW n'ont réussi à convaincre les protestataires de stopper le sit-in organisé en pleine RN 49 pour signifier aux autorités de la wilaya trois points, aux dires des jeunes interrogés. En premier lieu, l'insuffisance du quota de postes octroyés à la commune de Aïn Beida qui, selon les organisateurs du mouvement, recèlerait entre 800 à 900 sans-emploi, en second lieu la révision de ce qu'ils qualifient de conditions d'embauche utopiques exigées par les sociétés pétrolières étrangères et que les chômeurs jugent inacceptables. Le troisième point concerne le refus d'écouter leurs doléances par les hautes autorités civiles et militaires de la wilaya. Les grévistes ont déclaré au début de leur mouvement que leurs représentants n'ont pu accéder ni à la porte du wali ni à celle du commandant de la 4e Région militaire qui sont les seuls habilités à prendre en charge leurs doléances. Lesdits représentants ont finalement été reçus par le wali de 13h à 16h30. Selon des indiscrétions, puisque le contenu de cette longue audience n'a pas été divulgué, il aurait été question d'un retour au calme et de la programmation d'une visite du wali à la daïra de Sidi Khouiled dans les prochains jours. Le chef du bureau de l'emploi de la commune (BEC) de Hassi Messaoud admis avant-hier à l'hôpital de la ville, après avoir été poignardé par deux protestataires, a quitté l'établissement hospitalier avec trois points de suture, apprend-on de source sûre. La commission dépêchée dimanche à Hassi Messaoud par le wali pour prendre en charge ce problème, a décidé de relever M. Bouasria de ses fonctions ainsi que son staff constitué d'agents en préemploi à l'APC de Hassi Messaoud, ce qui confirme officiellement les griefs relevés par les chômeurs qui l'accusent depuis plusieurs mois de mauvaise gestion et de refus de recevoir les demandeurs d'emploi. L'autre décision cruciale de la commission présidée par l'inspecteur de travail de la wilaya a été de nommer Ahmed Khobzi, ex-directeur de l'agence locale de l'emploi de Ouargla à la tête du bureau communal de l'emploi de Hassi Messaoud. Ce dernier s'est directement attelé à assainir la situation en recevant les chômeurs après le gel des activités durant deux jours. Selon M. Beldi, directeur régional de l'Agence nationale de l'emploi que nous avons contacté en fin de journée, un quota de 72 postes a été alloué à la commune de Hassi Messaoud le jour même dans le cadre normal des offres adressées par les entreprises pétrolières nationales et en dehors de toute pression due à la protestation, tient-il à préciser d'autant plus que les demandes actuelles concernent des résidents de Hassi Messaoud, c'est-à-dire que les employeurs n'assurent pas de prise en charge aux recrues. La répartition des postes selon la qualification et la chronologie d'inscription se fera aujourd'hui, apprend-on par ailleurs. A souligner, enfin, que les offres enregistrées durant les quatre derniers mois concernent surtout le personnel d'encadrement alors que les demandeurs d'emploi n'ont pas la qualification requise et aspirent à des postes de manœuvres, d'agents de sécurité ou de chauffeurs. Devant cette contestation qui rappelle singulièrement les émeutes des chômeurs de 2004, les autorités locales craignent l'effet de contagion et jouent à fond la carte de l'apaisement d'autant plus que les offres existent bel et bien, même si elles ne répondent pas au niveau de qualification générale.