C'est ce que révèle l'Observatoire national contre l'islamophobie dans le rapport qu'il vient de rendre public, portant sur le 1er semestre 2012. Lorsqu'en pleine campagne présidentielle, l'ancien président français, Nicolas Sarkozy, avait décidé de faire concurrence à l'extrême droite sur le thème de l'immigration, la conséquence en a été une montée des actes islamophobes. C'est ce que révèle un bilan du Conseil français du culte musulman qui s'est doté, il y a un an, d'un Observatoire national contre l'islamophobie dont la présidence a été confiée à l'Algérien Abdallah Zekri. Le bilan qu'il vient de rendre public porte sur le 1er semestre de l'année 2012. Il en ressort que les actes antimusulmans ont baissé après la campagne présidentielle marquée par une forte présence de thématiques liées à l'islam. En juin, les actes islamophobes ont baissé de sept points par rapport à juin 2011. Ils ont connu une hausse de 14 points en mai et de 9 points en avril, au cœur de la campagne électorale. “Les différents débats sur le halal, les minarets, la burqa, la laïcité, l'identité nationale, l'immigration et les prières des rues ont libéré la parole des extrémistes, sans compter les déclarations d'hommes politiques soucieux de se maintenir au pouvoir en déclarant que les musulmans sont un problème pour la France", a commenté le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri. Selon une étude du Cevipof réalisée auprès de 9 000 personnes après le second tour de la présidentielle, “93% des Français de religion musulmane ont voté François Hollande". La droite avait dénoncé un vote communautariste en oubliant qu'en 2007, Nicolas Sarkozy avait courtisé les musulmans et tenté de mobiliser les imams en sa faveur grâce à son ancien conseiller Abderahmane Dahmane. Au total, les actes islamophobes ont augmenté au 1er semestre 2012 de 14,49%. Ce sont des actes “pour lesquels il y a eu dépôt de plaintes et de mains courantes dans les commissariats", a précisé M. Zekri, soulignant que ce bilan a été vérifié par le ministère de l'Intérieur. M. Zekri a observé que “ces chiffres sont en dessous de la réalité, car nombreux sont les musulmans qui ne souhaitent pas porter plainte, considérant, à tort ou à raison, qu'il n'y aura pas d'aboutissement". “Il est vrai que certains parquets classent souvent les affaires sans suite, sous prétexte que ceux qui ont commis les infractions ne sont pas identifiés ou que les enquêtes n'ont pas trouvé de preuves suffisantes pour poursuivre. Néanmoins, il y a des cas où les preuves existent et leurs auteurs ne sont pas inquiétés, ce qui pose question", a ajouté M. Zekri. Pour lui, “il serait intéressant de connaître, en plus de ces statistiques, le nombre d'affaires dont les coupables furent identifiés, arrêtés et traduits devant la justice et, surtout, avoir le résultat sur leur condamnation". “Tant qu'il n'y aura pas de peine exemplaire, il ne faut pas s'étonner de la répétition de tels actes. Exemple : la profanation des tombes de militaires musulmans à Carcassonne, morts pour la France (deux fois en un mois) et l'acharnement de tags racistes à répétition sur les murs de certaines mosquées", a-t-il ajouté. Les actes répertoriés sont classés en deux catégories : actions (violences, incendies ou tentatives, dégradations et vandalisme) et menaces (propos et gestes menaçants, tracts et courriers, et inscriptions). A. O