Le canon de Baba Merzoug à Brest «LA Consulaire» fait partie du patrimoine militaire de la marine française. «L'Amirauté est très attachée à ce canon», indique le ministère français de la Défense. Nouveau rebondissement dans le feuilleton «Baba Merzoug». Réclamée par l'Algérie, qui a introduit officiellement, début juillet, une demande de restitution auprès du Quai d'Orsay, cette pièce d'artillerie, de 12 tonnes, longue de 7 mètres, capable de tirer à 5 km, tarde à revenir en Algérie. Un retour qui semble même compromis. Pour cause, le ministre français de la Défense, considère que «La Consulaire» fait partie du patrimoine militaire de la marine française. «L'Amirauté est très attachée à ce canon, qui fait partie désormais de l'histoire de la Marine nationale», a prévenu le ministère de la Défense, par la voix d'une conseillère du cabinet de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, cité par Ouest France. Deux demandes d'associations algériennes, notamment celle de la Fondation Casbah, pour son retour au pays, avaient été rejetées par la France. L'instruction du dossier devrait prendre plusieurs semaines. Malgré cette demande officielle, le retour du canon en Algérie est loin d'être acté: le sort du canon est examiné en ce moment par le ministre des Affaires étrangères. A noter que le canon avait été ramené en France comme trophée de guerre le 5 juillet 1830, au moment de la conquête de l'Algérie. Transformé en colonne, il est érigé au milieu de l'arsenal de Brest en 1833. Il n'en a pas bougé depuis. C'est un canon unique dans son genre au XVIe siècle, sorti des ateliers de fabrication à Alger (Dar Ennehas). Il résume trois siècles de la présence ottomane en Algérie. Des historiens, juristes, à l'image de Me Fatma Benbraham, de militaires, de politiques algériens demandent le retour de Baba Merzoug qui a défendu Alger pendant plus de deux cents ans, avant d'être pris par les Français en 1830. Ce canon est plus qu'un symbole, c'était le plus puissant de la Méditerranée. Selon Belkacem Babaci, spécialiste de l'Histoire d'Alger, l'Algérie a reçu une promesse claire de l'Elysée pour que Baba Merzoug soit restitué à l'occasion de cinquantième anniversaire de l'Indépendance. Promesse non tenue, puisque un mois après la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance, le précieux canon reste toujours à Brest. Sur un autre chapitre, le canon Baba Merzoug, relance le débat sur les archives détenues par la France et qui, à nos jours, ne sont pas encore «libérées». Même les crânes de Boubaghla, Bouziane et Derkaoui, entre autres, sont conservés au Musée d'histoire naturelle de Paris. Les musées français sont encore en possession de cent cinquante-huit pièces historiques dont les effets personnels du Dey d'Alger.