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2013, la fin du calvaire?
PENURIE DE MEDICAMENTS
Publié dans L'Expression le 05 - 08 - 2012

Les mesures prises sont-elles suffisantes pour couper l'herbe sous les pieds de cette mafia et ainsi mettre fin à la crise des médicaments?
La bataille pour assurer le droit des citoyens aux médicaments s'annonce des plus rudes pour Djamel Ould Abbès.
Le feuilleton de la pénurie des médicaments verra-t-il son épilogue en 2013? La réponse est difficile tant ce problème n'arrive pas à être solutionné. Néanmoins, le ministre de la Santé a pris le taureau par les cornes en annonçant que le programme d'importation des médicaments pour 2013 sera arrêté en septembre prochain. A la fin du mois de juillet, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès avait surpris son monde en prenant une décision des plus vitales pour son secteur.
Celle d'avancer la finalisation des programmes d'importation de l'année 2013, quatre mois avant le début de cette même année. «Les importateurs de médicaments recevront le programme d'importation pour l'année 2013 en septembre prochain», avait annoncé Ould Abbès qui semble avoir appris des erreurs du passé. L'avancement de la finalisation de ce programme est une solution qui pourrait permettre de juguler cette crise des médicaments qui a le moins que l'on puisse dire, traumatisé les Algériens. «Les importateurs de médicaments recevront pour la première fois le programme d'importation en septembre pour garantir la disponibilité des médicaments dans les hôpitaux et les pharmacies», a précisé le ministre. Fini donc les commandes en retard. Plus d'excuse qui tiennent pour les importateurs. D'ailleurs, Ould Abbès a menacé ces importateurs en promettant «d'assainir le marché des médicaments des importateurs qui ne respectent pas les délais d'importation et compromettent la vie des malades», soulignant que les mesures adoptées pour mettre fin à la spéculation sur le marché du médicament se poursuivront.
La fin de la crise passe par...les spéculateurs
«Ces mesures toucheront sans doute les intérêts de certains», a-t-il dit, rappelant que les «agréments ont été retirés à quatre importateurs qui n'ont pas respecté les programmes d'importation arrêtés en novembre 2011 et à 230 distributeurs qui ont enfreint les conditions de distribution.» Néanmoins, comme il l'avoue lui-même, la crise du médicament n'est pas seulement due au retard dans les importations, mais surtout à la spéculation. Les mesures prises par Ould Abbès sont-elles suffisantes pour couper l'herbe sous les pieds de cette mafia et ainsi mettre fin à la crise des médicaments? Pour le Snapo la réponse est «oui», avec néanmoins un mais qui laisse planer quelques doutes. Dans une déclaration à la presse nationale, Fayçal Abed, le président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (Snapo), a confirmé qu'il y a une nette amélioration dans la disponibilité des médicaments dans les pharmaciens. La raison? «Si les officines connaissent actuellement un approvisionnement régulier, c'est grâce aux spéculateurs qui contrôlent le marché des médicaments et qui ont été contraints de faire sortir leurs stocks emmagasinés depuis des mois avant son expiration», affirme-t-il avant d'ajouter: «La pénurie a été provoquée par ces criminels qui ont privé de médicaments toute une population pour faire pression sur l'Etat et l'obliger à revenir sur certaines décisions prises.» Les mesures de Ould Abbès commencent donc à prouver leur efficacité.
Toutefois, Abed a souligné le fait que certains médicaments indispensables restent introuvables sur le marché, à l'instar du Spasfon injectable destiné à traiter les douleurs aiguës liées aux troubles fonctionnels du tube digestif et des voies biliaires. La situation des médicaments semble donc s'être améliorée.
Restent les vaccins!
Toutefois, le problème des vaccins subsiste. Selon le secrétaire général du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), le Dr Lyès Merabet, qui s'est confié à l'un des nos confrères, le programme national de lutte contre la tuberculose risque d'être compromis face à la rareté du vaccin tout comme ceux contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche du fait de la pénurie du Tetra-Hib. «Un vaccin qui constitue la colonne vertébrale de tous les autres vaccins, reste indisponible», a déclaré au quotidien Horizon ce syndicaliste qui tire également la sonnette d'alarme sur le vaccin contre l'hépatite.
Les vaccins semblent donc faire défaut et constituer un autre souci pour Ould Abbès! Quelle est la solution?
En produire localement comme l'annonce en a été faite à propos du sérum scorpionnique? Mais l'Algérie en est-elle capable? Déjà, au sujet de ce sérum scorpionnique, un responsable au niveau de l'Institut Pasteur affirme que son établissement ne peut actuellement fabriquer ce genre de vaccin. «Il faut savoir que la fabrication de ces sérums hyper-immun, c'est-à-dire contenant une forte concentration d'anticorps contre la rage ou le venin de scorpion, obéit à un processus long et contraignant», explique ce même responsable. «Il nécessite, en plus des connaissances du personnel scientifique spécialisé et du savoir-faire des techniciens, des moyens conséquents en infrastructures lourdes qui demandent un entretien rigoureux et permanent, en particulier une cavalerie composée de plusieurs dizaines de chevaux ou de mulets avec tous les moyens humains et matériels nécessaires pour leur élevage», explique la même source. «Il faut également des équipements coûteux pour purifier, contrôler et conditionner le produit fini», ajoute-t-elle. «L'équipement de production dont dispose actuellement l'IPA est vétuste, obsolète et date de plus de trente années pour les plus récents. Il tombe très souvent en panne et ne nous permet pas de passer à une production importante», souligne le responsable en soulevant le fait qu' un plan de remise à niveau et de modernisation est en cours de réalisation, mais cela demande du temps et des moyens financiers conséquents. De ce fait, ce responsable explique que le recours à l'importation est inévitable.
«Malheureusement, ailleurs, la production de ces sérums se raréfie de plus en plus et les grandes firmes pharmaceutiques internationales ne veulent plus investir dans des produits coûteux qui ne sont plus demandés dans les pays développés», atteste-t-il en soulignant le fait que l'IPA, depuis sa création, il y a plus d'un siècle, n'a jamais exporté de sérum antiscorpionnique. «La production a toujours été artisanale pour répondre au besoin du pays et contre une espèce de scorpion dangereux répandu chez nous: Androctonus Australis Hector», conclut-il. Voilà donc la situation d'un secteur en pleine rémission. Ould Abbès empêchera-t-il sa rechute?


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