Par la voix de son président Messaoud Belambri, le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) a demandé, hier, le lancement d'une enquête pour «localiser les failles» dans la distribution des médicaments. «Nous exhortons le ministère de la Santé à mener un travail d'investigation en vue de localiser les failles qui ont mené à la rupture de médicaments dans les officines à l'échelle nationale», a déclaré à l'APS M. Belambri, précisant qu'il avait déjà soulevé ce problème au ministère. «Il faut des investigations sur le terrain et que les gens qui font dans la mauvaise pratique en matière de distribution et de rétention de stock soient identifiés et sanctionnés», a-t-il ajouté.M. Belambri donnera quelques indications sur les mauvaises pratiques en usage dans le secteur du médicament en indiquant qu'il y a «des distributeurs qui détiennent une sorte d'exclusivité, exerçant pratiquement un monopole pour un nombre de produits et qui font de la vente concomitante». C'est pour cette raison, a-t-il expliqué, qu'il existe une pénurie de certains médicaments, qu'ils soient de production locale ou importés. En effet, de nombreux producteurs et distributeurs (grossistes) utilisent des produits d'entraînement pour écouler des surstocks de médicaments sur lesquels la demande est faible. Mais, ce que ne dit pas le Snapo, c'est qu'il existe aussi des pharmaciens qui se rendent coupables de rétention en privilégiant le princeps ou le produit d'un laboratoire étranger sur lequel ils ont des ristournes et/ou des cadeaux au détriment du générique ou du médicament fabriqué localement. Nous en avons nous-mêmes fait l'expérience en demandant un médicament produit localement : 8 officines sur 10 nous ont proposé son équivalent fabriqué par un laboratoire étranger. Parmi les produits en manque dans les officines, le président du Snapo citera la pilule contraceptive, les corticoïdes injectables, mais également des médicaments traitant la tension artérielle. Quelque 230 médicaments, dont 170 nécessaires aux malades chroniques, «demeurent introuvables» dans certaines officines du pays, avait déclaré un représentant du Snapo, le Dr Fayçal Abed, en marge de la première conférence nationale sur la politique de santé. Il avait expliqué cette «rupture» de médicaments par une «mauvaise» gestion dans la distribution. Des pharmaciens à Alger ont précisé avoir déjà soulevé ce problème à leur syndicat, alors, assurent-ils, qu'il n'y a pas «véritablement» de rupture. Parmi les produits en manque sur le marché, ils citent, entre autres, des médicaments contre la nausée pour enfants, ceux destinés aux diabétiques et ceux pour les personnes atteintes de la goutte, ainsi que des vaccins contre les allergies. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès, avait assuré dimanche dernier que l'Algérie dispose d'un stock de six mois de vaccins, au lieu de trois mois. Il a néanmoins souligné que les vaccins «n'arrivent pas aux utilisateurs parce qu'il y a un problème de dysfonctionnements dans la distribution». «Ce n'est pas l'Institut Pasteur qui distribue mal les vaccins, mais ce sont nos responsables au niveau des structures de santé, à l'intérieur du pays, qui ne font pas les commandes selon la population à vacciner», avait-il fait savoir. Pour parer à ces problèmes de distribution, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait promulgué, à la fin de l'année 2010, une instruction exigeant de tous les producteurs de se doter de leurs propres réseaux de distribution. L'instruction devrait entrer en vigueur en 2012. Mais cette nouvelle organisation, si elle résout les difficultés de la distribution, ne va pas pour autant solutionner le problème de la disponibilité qui demeurera tant que les laboratoires étrangers, leurs représentants et leurs complices au niveau des différentes strates et sphères de l'administration continueront à user de procédés à la limite de la légalité pour promouvoir leurs produits et abattre ceux produits localement. H. G.