Un attentat suicide a ensanglanté la ville de Jaar dans le sud du Yémen quelques jours après une attaque contre l'armée, faisant craindre un retour d'Al Qaîda dans les centres urbains de cette région. Pas moins de 45 personnes ont été tuées et 34 blessées samedi soir dans l'attentat dirigé contre des supplétifs de l'armée et attribué à Al Qaîda, selon un dernier bilan d'un responsable local, Mohsen ben Jamila. Un précédent bilan de sources hospitalière et de l'administration locale, faisait état de 42 morts et de 37 blessés. L'attentat a été commis lors d'une cérémonie de deuil organisée à la mémoire d'un proche d'un chef de ces supplétifs à Jaar, ancien bastion d'Al Qaîda, qui ont prêté main forte à l'armée dans son offensive contre les membres du réseau extrémiste (mi-mai à mi-juin). Parmi les morts, 24 ont été transportés dans l'hôpital Razi de Jaar, a indiqué un responsable de l'établissement alors que 12 blessés ont succombé dans trois hôpitaux d'Aden, selon des sources médicales. Six des tués ont été pris par des proches sur le lieu même de l'attentat et enterrés, avait indiqué pour sa part M.Ben Jamila, selon lequel les blessés sont soignés dans les hôpitaux de Jaar et d'Aden. L'attentat «criminel et lâche» a été mené par «un kamikaze d'Al Qaïda qui a actionné sa ceinture d'explosifs lors d'une cérémonie de deuil des Comités de résistance populaire», des supplétifs de l'armée, selon Jamal al-Aqal, le gouverneur de la province d'Abyane dont dépend Jaar. Cet attentat fait craindre un retour d'Al Qaîda à Jaar et dans d'autres villes et localités d'Abyane d'où le réseau a été chassé par l'offensive de l'armée dans laquelle des centaines de personnes ont péri. L'attentat suicide intervient quatre jours après une attaque, attribuée également à Al Qaîda, contre un poste de police de Jaar dans laquelle quatre soldats et un civil ont été tués. Cette première attaque avait déjà suscité la crainte d'un retour d'Al Qaîda dans les villes parmi les habitants, dont beaucoup continuent d'hésiter à regagner leurs demeures de peur d'être pris dans un nouveau cycle de violences. Nasser Abdallah Mansari, chef adjoint de l'administration locale de Jaar, a fait porter en partie aux autorités nationales la responsabilité de l'attentat, en déplorant leur peu d'empressement à déployer des forces de police. «Jaar et d'autres villes d'Abyane n'ont aucune présence policière et les éléments d'Al Qaîda s'y maintiennent clandestinement», a-t-il dit. «Je m'attends à d'autres attaques spectaculaires d'Al Qaîda qui cherche à se venger des Comités de résistance populaire et tant qu'il y aura un vide sécuritaire, la situation ne peut qu'empirer», selon lui.Le réseau extrémiste avait profité de l'affaiblissement du pouvoir central, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh en 2011, pour renforcer son emprise dans l'est et le sud du Yémen. Les insurgés qui essaient de se regrouper dans les provinces voisines d'Abyane sont constamment pourchassés par les autorités.