Les viandes rouges sont les plus exposées à la péremption Les normes de conservation étant transgressées, les produits laitiers, les viandes congelées et les conserves deviennent alors une véritable menace pour le citoyen. Les produits laitiers (yaourts, fromage...), les diouls, les viandes blanches et rouges et le poissons fortement demandés en ce mois de Ramadhan sont très exposés à la péremption à cause des coupures de courant intempestives. Ces dernières ont la particularité d'être quotidiennes et répétées pendant de longues heures, voire des journées entières, à travers l'ensemble du territoire national. Quel est l'état des lieux? Pour répondre à la forte demande et atténuer la flambée des prix de la viande fraîche, notamment durant le mois de Ramadhan, les opérateurs publics et privés ont importé plus de 35.000 tonnes de viande rouge congelée depuis janvier 2012, d'après un communiqué de la SGP «productions animales» (Proda). Il y a eu également la constitution d'un stock de viandes blanches congelées estimé à 10.000 tonnes réalisé dans le cadre du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) alors que les statistiques du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, montrent que l'Algérie importe en moyenne 180.000 tonnes par an de poissons. Autant dire que les importations massives de ces types de produits de consommation représentent un potentiel foyer de prolifération de microbes lorsque le courant électrique vient à manquer. Les conditions pour que survienne un «drame» sanitaire sont réelles. Les ingrédients sont réunis. Il suffit d'allumer la mèche. Les Algériens se sont rabattus sur la consommation de viande rouge, de poulet et de poisson congelés importés en masse qui peuvent devenir impropres à la consommation assez rapidement si les normes de conservation sont transgressées. Une rupture de la chaîne du froid peut être fatale. Cette probabilité n'est pas à exclure étant donné que la majorité des commerces de produits congelés ne sont pas équipés de groupes électrogènes. Ce qui laisse la porte ouverte aux intoxications alimentaires. Entre 3500 et 5000 cas sont signalés tous les ans selon le ministère de la Santé. La plupart sont enregistrés durant la saison estivale en juillet et août. Les statistiques du ministère du Commerce indiquent par ailleurs que 28% d'entre elles sont dues aux viandes et au non-respect des conditions d'hygiène et de conditionnement. Toutes les enquêtes mettent en exergue le manque d'hygiène et le non-respect de la chaîne du froid qui demeurent les principaux facteurs des cas d'intoxications alimentaires recensés. Si l'on ajoute à cela les innombrables vendeurs qui n'ont aucun scrupule à fourguer de la marchandise périmée et avariée autant dire que la boucle est bouclée. Mieux vaut donc prévenir que guérir. Un appel à la vigilance est désormais de mise. Les 6000 agents du ministère du Commerce mobilisés à l'échelle nationale durant le mois sacré de Ramadhan pour assurer le contrôle des marchés et les pratiques commerciales et veiller à l'hygiène des lieux et à la sécurité des produits ont du pain sur la planche. Les commerçants doivent en principe en payer le prix fort. 400 000 ont déjà subi des pertes qui ont été évaluées à quelque 500 milliards de centimes, indiquent les chiffres livrés à la presse par le porte-parole de l'Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens), Salah Boulanouer, les consommateurs seront par ricochet inévitablement affectés par ce type de désagrément qui peut dégénérer en véritable danger public. Les effets collatéraux peuvent s'avérer terribles sur leur santé. Les Algériens qui se sont frottés à tous les types de pénuries (café, huile, pomme de terre, eau...) doivent se méfier comme de la peste de celle de l'énergie électrique. Ils garderont sans doute en mémoire pendant longtemps l'été 2012. Canicule, flambée des prix des produits de consommation de base, des fruits et légumes, des viandes... tout cela se passe en plein mois de Ramadhan et comme pour boire le calice jusqu'à la lie, cette ambiance délétère à bien des égards est vécue au rythme de coupures de courant intempestives. La totale. De quoi transformer un quotidien déjà bien morose, en enfer...