Le palais de la Culture Moufdi Zakaria a abrité samedi soir, une rencontre autour du père de l'Etat moderne. Dans le cadre de la commémoration du 171e anniversaire de la Moubayaâ, la section d'Alger de la fondation Emir-Abdelkader a organisé, samedi en veillée, une exposition sur la vie de l'Emir Abdelkader au Palais de la culture Moufdi-Zakaria de Kouba. Empruntée au musée national du Moudjahid de Riad El-Feth, cette exposition est constituée de plusieurs billets de banque à l'effigie de l'émir ainsi que des anciens documents nous renseignant sur le parcours politique et militant de ce croyant érudit qui a fait construire des écoles dans les villes et villages pour instruire les populations, faisant de la culture un élément essentiel dans la prise de conscience nationale. «Vous voyez ces beaux billets de 100 DA? Ça avait leur poids ! C'était la belle époque», nous dit un monsieur avec un geste de nostalgie. Deux conférences ont eu lieu dans l'enceinte du palais. Animée par Mohamed Beredouane, la première a porté sur «la Moubayaâ et son acte en avance sur son temps». M.Beredouane dira à propos de l'émir Abdelkader qu'«il est le symbole de ce que représente la personnalité algérienne. Dommage que les jeunes d'aujourd'hui ne savent pas qui il est» et de renchérir: «L'émir Abdelkader nous a donné des repères. On n'est pas une génération spontanée. On a des racines, c'est lui qui a fait ce que nous sommes sur le plan national» et de souligner «c'était un unificateur. Il a fait prestation d'allégeance. Il n'a jamais demandé à gouverner, mais on l'a désigné et présenté au pouvoir». En effet, l'émir Abdelkader a été, le 27 novembre 1832, proclamé chef de l'Etat par ceux qui croyaient en lui et en sa témérité. C'est pourquoi la fondation ainsi que ses sections à travers tout le territoire célèbrent chaque année la Moubayaâ le 27 novembre à Mascara. «Après qu'il soit mis à la tête de la résistance algérienne, il y a eu une deuxième Moubayaâ», affirme M.Outaleb Mohamed-Lamine, président de la fondation Emir-Abdelkader. Il raconte que «l'émir Abdelkader a créé l'unité nationale. Celle-ci a permis à l'émir de lutter contre l'armée la plus puissante du monde, à savoir l'armée napoléonienne. L'émir savait qu'il n'allait pas la vaincre. Il dut arrêter le combat mais son but a été atteint puisqu'il a unifié le pays». Le président de la fondation désigne l'émir Abdelkader comme le créateur de l'Etat moderne. «Il a créé un Etat avec son administration, son armée, sa justice, sa monnaie et son drapeau. C'est pour cela que nous voulions que le 27 novembre de chaque année soit fêté et célébré dans tous les établissements». Pour sa part, M.Mohamed Tayeb Boudiaf fera une étude juridique de la Moubayaâ. Et de se demander: «Est-ce que la Moubayaâ permettait à l'émir les pleins pouvoirs? Dans ce cas, il faut le prouver sur le plan juridique». Après avoir défini ce qu'est la souveraineté et la légitimité, M.Boudiaf arrivera à la conclusion suivante: «La souveraineté était en réalité incomplète car n'évoluant pas dans un Etat indépendant mais suffisante car elle traduisait le désir de tous les Algériens à travers le territoire de s'unir».