Le Congrès est chargé de choisir un nouveau gouvernement et de conduire le pays à des élections sur la base d'une nouvelle Constitution. Le président du Congrès général national (CGN), Mohamed Al Megaryef, un opposant historique à l'ancien régime libyen, a voulu se poser vendredi en rassembleur lors de la séance d'ouverture de cette Assemblée issue des premières élections de l'ère post-El Gueddafi. «Mon devoir principal est de me mettre à l'écart de toutes les considérations politiques, régionales et tribales», a déclaré M.Megaryef qui présidait la première séance officielle du CGN issu des élections du 7 juillet. A cet effet, il a annoncé qu'il démissionnerait de la présidence du Parti du front national, qui compte trois des 200 sièges du Congrès. Cette instance a pris la direction du pays mercredi au terme de la première passation pacifique du pouvoir de l'histoire de la Libye avec le Conseil national de transition (CNT), qui a été dissous. M.Megaryef a affirmé qu'il observerait «la même distance» avec tous les membres du Congrès et a appelé au dialogue avec toutes les forces politiques et les composantes de la société civile, y compris celles qui ne sont pas représentées au CGN. Il a souligné par ailleurs la nécessité de «rester proche du citoyen», proposant que les réunions du Congrès soient retransmises en direct à la télévision libyenne. Il a affirmé que le CGN était lancé dans une «course contre la montre» pour poser les bases des institutions de l'Etat alors que le pays traverse selon lui «une étape importante et dangereuse». Le Congrès est chargé de choisir un nouveau gouvernement et de conduire le pays à des élections sur la base d'une nouvelle Constitution. L'Alliance des forces nationales (AFN), une coalition de plus de 40 petits partis libéraux menée par des architectes de la révolte de 2011 contre le colonel Kadhafi, détient 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques. Le parti de la justice et de la construction (PJC) est la deuxième formation politique au Congrès avec 17 sièges. Le parti de M.Megaryef était arrivé troisième avec 3 sièges. Les 120 sièges restants ont été attribués à des candidats indépendants aux allégeances et convictions encore floues. Jeudi et vendredi, le congrès a élu deux vice-présidents: Jommaa Atiga, un indépendant de la ville de Misrata (ouest) proche des libéraux, et Salah al-Makhzoum du PJC. A la fin de la séance de vendredi, terminée très tard dans la soirée, le CGN a décidé de suspendre ses travaux jusqu'au 23 août, après avoir chargé un comité de rédiger un projet du règlement intérieur de l'assemblée. M.Megaryef était un opposant historique du défunt dictateur Mouamar El Gueddafi. Il avait dirigé le Front de salut national libyen (Fsnl), une formation politique à l'étranger qui regroupait les opposants en exil et qui avait mené plusieurs tentatives de coup d'Etat contre El Gueddafi. Le président de la nouvelle Assemblée est considéré comme un proche des Frères musulmans, notamment en raison de la composition du Fnsl qui était dominé par les islamistes. Il y a eu un consensus entre tous les parti pour son élection à la tête du CGN, selon Othman Ben Sassi, ancien membre du CNT et directeur administratif du CGN, qui a affirmé que les deux vice-présidents élus jeudi et vendredi représentaient les deux plus grands partis de l'Assemblée, l'AFN et le PJC. «Il n'y a aucun bloc qui domine le Congrès. Les indépendants assurent l'équilibre et empêchent qu'un parti ne contrôle» l'Assemblée, a-t-il ajouté. «Il y a une mosaïque et un équilibre des forces. J'espère que la situation restera ainsi», a-t-il encore dit. L'absence de majorité pourrait cependant conduire à un blocage à l'Assemblée, dans la mesure où les décisions sont prises à la majorité des deux tiers.