Le processus de transition en Libye poursuit son cours avec la nomination à la tête du Congrès général national (CGN) de Mohamed al-Megaryef, au lendemain du retrait officiel du Conseil national de transition (CNT) et de la remise des pouvoirs aux mains de cette assemblée élue. Considéré comme un proche des islamistes qui avaient perdu les législatives du 7 juillet devant les libéraux, cet ancien opposant au régime du défunt guide Mouammar Kadhafi a été élu jeudi-soir avec 113 voix pour, suivi d'Ali Zidane, un candidat indépendant qui a obtenu 85 voix. Le président du CGN est rentré en Libye au lendemain de la chute du régime de Tripoli après avoir passé vingt ans en tant qu'exilé politique aux Etats-Unis. Son accession à la tête du CGN a fait des sceptiques parmi les Libyens et suscité des commentaires dans les colonnes de la presse occidentale qui insistent sur sa proximité avec les islamistes. Mais en attendant de voir son action sur le terrain, on est au moins sûr que le processus de transition en Libye se déroule d'une façon démocratique et le CNT, issu de la révolution, a tenu jusqu'ici ses engagements malgré quelques couacs qui ont marqué sa période de règne qui n'a pas duré trop longtemps. Son dirigeant Mustapha Abdeljalil l'a d'ailleurs souligné lors de la cérémonie de remise des pouvoirs à la première Assemblée nationale libyenne démocratiquement élue depuis l'indépendance du pays. M. Abdeljalil a reconnu que le CNT avait commis des «erreurs» et n'a pas tenu toutes ses promesses, notamment celle relative à la sécurité du peuple libyen. «Nous n'avons pas pu garantir la sécurité comme nous le souhaitions et comme le désirait le peuple libyen», a-t-il dit. Il a annoncé par ailleurs qu'il prenait sa retraite et qu'il quittait ses fonctions au CNT et au Conseil supérieur de magistrature dont il était membre sous le régime de Mouammar Kadhafi, comme cela a été rapporté par Reuters. Le CNT a échoué aussi à trouver une solution au dossier des déplacés du conflit libyen à l'intérieur et à l'extérieur du pays, «un véritable drame», a regretté Abdeljalil ajoutant : «Je remets nos prérogatives constitutionnelles au Congrès général national qui est désormais le représentant légitime du peuple libyen». Avec l'élection du président du CGN, la Libye va donc amorcer un autre virage. La nouvelle assemblée est en fait chargée de choisir le futur gouvernement et aura aussi pour mission d'établir une nouvelle Constitution en prévision de la première présidentielle post-Kadhafi. A noter que lors du scrutin du 7 juillet, l'Alliance des forces nationales (AFN), une coalition libérale, détient 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques. Le Parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, est la deuxième formation politique du Congrès avec 17 sièges. Quant aux 120 sièges restants, ils ont été attribués à des candidats indépendants aux allégeances et convictions encore floues mais qui sont très courtisés par les partis. A ce propos, Salem Ali Al-Hammali, un membre du Congrès et de l'AFN, a indiqué que «durant les premières réunions, nous allons voir plus clair concernant les orientations de chacun des membres. Maintenant c'est le flou total». Le CGN et son président réussiront-t-il à mener à terme leur mission, sachant que du temps de Kadhafi la Libye ne disposait pas d'Etat avec des institutions dignes de ce nom. Les rivalités tribales sont aussi un autre défi pour le CGN. L. M.