Makhloufi, l'unique consécration Ahmed Mahour Bacha, entraîneur du décathlonien algérien Larbi Bouraâda et ex-entraîneur de Zahra Bouras (800 m), contrôlés positifs à la Stanozolol, a bien voulu répondre aux questions de L'Expression à travers lesquelles il dresse un bilan succinct de la participation algérienne aux Jeux olympiques tout en expliquant le cas du dopage des deux athlètes, sans oublier de livrer en exclusivité les résultats du laboratoires français concernant les médicaments et produits concernés par ce cas de dopage. L'Expression: Comment voyez-vous la participation des athlètes algériens aux derniers JO de Londres concrétisée par une seule médaille d'or? Ahmed Mahour Bacha: Je ne connais pas bien toutes les disciplines et spécialités, mais je pourrais, d'ores et déjà remarquer qu'il faudrait vraiment se calmer. On demande beaucoup de médailles aux athlètes algériens alors qu'en jetant un coup d'oeil sur le tableau des médailles, on s'aperçoit très vite que beaucoup de grandes nations n'ont pu arracher que quelques unes alors qu'elles possèdent des moyens plus importants que les nôtres. Avec une médaille d'or pour l'Algérie, j'estime personnellement que c'est un bon résultat. Il ne faut vraiment pas faire la fine bouche. Il faut vraiment que les gens sachent qu'il n'est plus possible d'arracher une médaille ne serait-ce que de bronze dans les Jeux olympiques actuels. Je noterai bien évidemment avec une mention spéciale cette médaille d'or de Taoufik Makhloufi que j'ai déjà entraîné, car c'est une médaille qu'il mérite bien au vu des sacrifices et du grand travail qu'il a effectué. Et pourtant, l'Algérie pouvait bien prétendre à beaucoup d'autres médailles? Si vous voulez parler de la boxe, eh bien, sachez qu'il y a beaucoup plus le travail de coulisses que sur le ring. D'ailleurs, même la France a été victime de ce travail de coulisses et pas simplement l'Algérie. Sinon, la boxe reste la deuxième grande discipline olympique en Algérie. Concernant le judo, je pense qu'il a été difficile pour nous de tenir le rythme de la haute compétition. Le judo algérien traverse un passage à vide. Et c'est dans les normes. Je me dois de préciser que Soraya Haddad, demeure tout de même une très grande championne. J'ai bien vu son combat et je vous assure qu'elle possède de très grandes potentialités pour arracher une médaille. La faute technique fait partie du jeu. Tous les spécialistes vous le diront. En volley-ball, je suis toujours content que des athlètes d'une de nos disciplines collectives participent à ces joutes, car ce n'est pas évident que cela puisse arriver. Ce n'est pas comme un athlète, car là, il faudrait former une dizaine d'athlètes pour y arriver en sport collectif. Et en athlétisme, on pouvait bien avoir plus de médailles, n'est-ce pas? La Fédération algérienne d'athlétisme a misé sur une dizaine d'athlètes tout en choisissant deux athlètes que j'entraînais. D'ailleurs Makhloufi figurait comme sparring partner de Zerguelaine et Boukhenza avec l'entraîneur Brahmia qui a décelé en lui de grandes potentialités. Et puis, on aurait bien pu arracher au moins trois médailles si nos deux athlètes n'ont pas été suspendus pour dopage. Je suis bien content pour l'athlétisme algérien d'avoir arraché cette médaille d'or, d'autant que notre discipline est en pleine opération de renouveau. Mekhloufi vient de confirmer les résultats de Touil en juniors, champion du monde. L'athlétisme algérien retrouve donc bien sa santé. Peut-on voir Makhloufi régner sur le 1500m comme Morceli et les autres pendant une décennie? Ce n'est plus l'ère Morceli où il n y avait qu'un seul concurrent. Aujourd'hui, il y a une telle densité avec des nations diversifiées qu'il est très difficile de prévoir un quelconque pronostic à part un ou deux athlètes. Sinon, on retrouve une quinzaine de prétendants ayant le même niveau. Ce qui complique la tâche des athlètes pour arracher la moindre médaille. La preuve, quand on voit le Trinidad et Tobago, cette petite île des Caraïbes arracher une médaille d'or en javelot, il faut dire que personne ne s'attendait à une telle performance. Maintenant pour Makhloufi, il va être plus sollicité et il va donc apprendre et acquérir plus d'expérience. Mais encore une fois, ce serait très difficile d'assurer une médaille aujourd'hui qu'avant. Makhloufi doit donc bien gérer la suite de la carrière. D'ailleurs, je sais que son coach, Djamin est si riche en expérience et si compétents qu'il saura bien gérer le parcours de son athlète. En évoquant les athlètes dopés, où en est leur situation actuellement? Si vous avez bien suivi les faits, j'étais en France et dès que j'ai eu l'information de leur suspension, j'ai tout de suite déclaré qu'il est impossible que les athlètes soient poussés à avoir recours à ce genre de produit ou de médicaments sachant pertinemment que ces produit peuvent rester dans le corps entre 6 et 18 mois. Certains athlètes ont été contrôlés positifs à ce produit 18 mois après l'avoir pris. C'est vous dire qu'il est impossible qu'ils l'aient fait. Alors, moi, le faire, c'est insensé. J'ai donc demandé à la fédération d'envoyer les médicaments et produits à un laboratoire français pour analyse. Et justement, nous venons d'avoir le premier rapport qui démontre que ces produits n'ont pas été dopés à partir du laboratoire de fabrication, mais bel et bien par une quelconque main criminelle. En analysant le flacon ouvert, le laboratoire a décelé trois produits contaminés à la Stanozolol: les acides aminés, les sels minéraux et bizarre la vilocarine, un anesthésiant. Et quand le même laboratoire a analysé le flacon scellé, il n'a rien décelé. Ce qui veut dire que c'est un acte criminel. Qu'allez-vous faire donc? Nous allons informer la Fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports car nous avons des soupçons sur une ou deux personnes. On voudrait donc que le MJS porte plante contre «X» car il y a soupçon. Bien évidemment, nous n'avons aucune preuve, mais nous avons bien des soupçons car des flacons sont restés durant trois ou quatre mois dans l'infirmerie du stade. Nous aussi nous allons déposer une plainte contre «X» et là, je ne sais pas si on va la faire individuellement ou en groupe, mais nous le ferons pour savoir qui a fait un tel acte. Donc, nous allons faire ces démarches en déposant des plaintes contre «X» et par la suite, nous organiserons une conférence de presse pour mettre tout sur la table. Et qu'en serait-il de l'avenir des deux athlètes? Sur le plan réglementaire, il n'y a rien à dire, les athlètes sont suspendus pour deux ans. Maintenant, nous allons, sur la base du rapport du laboratoire et les nôtres, tenter de discuter avec l'IAAF avec l'aide de tout un chacun pouvant le faire avec nous pour tenter de réduire cette suspension, bien que je n'y crois pas trop. Et pour la suite de la carrière des athlètes? Moi, je peux vous assurer que Bouraâda va reprendre les entraînements le 1er septembre. Et je vous assure qu'il va travailler plus durement que d'habitude. Car cette histoire nous motive encore plus. Et pour Zahra Bouras? Elle est entraînée par son père depuis le mois de février dernier.