La séculaire confusion-division qui caractérise chaque année la célébration de l'Aïd El Fitr dans les pays arabes et musulmans est une nouvelle fois observée. Cette année, ce rituel de la dispersion des avis quant à la journée exacte du 1er Chouwal n'a pas fait défaut. Elle est là avec ses dérisions et ses sentiments de désolation au sein des opinions publiques ou si l'on préfère des rues du monde arabo-musulman. Il en est allé de même lors du commencement de ce mois sacré qui a été entamé par le même tohu-bohu quant à l'observation ou non du fameux croissant par lequel les journées de jeûne avaient débuté. Prisonniers de leur conception étroite et parfois chauvine de la chose religieuse, les Etats musulmans de ce début du troisième millénaire restent partagés entre leurs différentes méthodes de fixation de ces évènements sacrés. Parfois des considérations politiques, de leadership de pays sur d'autres et de fausse fierté nationale ont été intégrés dans l'inintelligible processus décisionnel. Pourtant, les procédés pour sortir de ce capharnaüm d'irrationalité ne sont pas légion. Partout dans l'espace islamique, ils se limitent à deux démarches singulières. Il n'y a jusqu'à présent que le calcul astronomique et l'observation visuelle du croissant qui permettent de définir ces dates tout en demeurant conformes aux dogmes de l'Islam. Or, si quelques pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord commencent à se baser sur les calculs astronomiques afin de décider quel jour et quelle date commencer le mois sacré ou fêter sa fin, et donc la célébration de l'Aïd El Fitr, d'autres ne se fient qu'à l'observation de la lune pour prendre la décision qu'ils estiment exacte et appropriée. Depuis longtemps, l'Algérie, tout en ayant le regard rivé sur ce qui se dit et se pratique en Orient, fonde sa politique en la matière, si politique il y a, sur l'observation du croissant. Il est ainsi fait appel à des imams relevant du ministère des Affaires religieuses qui dans chaque région du pays scrutent le ciel et déclarent durant la fameuse nuit du doute s'ils ont aperçu ou non la très controversée lune. Ni le mois du Ramadan ni encore moins la fête de l'Aïd El Fitr ne peuvent être décrétés dans le pays si ce croissant, souvent très attendu, n'a pas été vu et confirmé. Autrement dit, à chacun son croissant ou ses calculs, même si l'obligation et sa récompense sont dans son essence, la même que l'on soit au Machrek, au Maghreb ou partout ailleurs dans le monde.