Le procès n'a aucun sens, estiment les spécialistes. La Cour d'assises spéciale de Paris planche sur le procès de l'Algérien Boualem Bensaïd, auteur présumé des trois attentats de Paris en 1995 attribués au GIA. Ainsi, la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, a été requise hier par le parquet. Jusqu'à une heure très tardive hier, les neuf magistrats, désignés spécialement pour délibérer, ont entretenu le suspense, d'autant plus que ces délibérations eurent lieu après le coup de théâtre provoqué par l'un des témoins à charge revenu sur ses accusations contre le principal accusé. L'avocat général, étant convaincu de «l'implication directe» de l'accusé a, en dépit de l'insuffisance de preuves, estimé Boualem Bensaïd coupable d'être l'un des poseurs de bombe à la station de métro parisienne Saint-Michel (25 juillet, 8 morts et 150 blessés). Ce qui explique la sévérité du réquisitoire qui a conclu à la peine maximale encourue selon la loi. Pourtant lors d'un précédent procès Bensaïd n'avait été condamné que comme complice. De son côté, l'accusé réfuta toute participation aux attentats à quelque titre que ce soit. Le fait que son présumé co-accusé, condamné au premier procès n'a pas fait appel, les chances de Bensaïd de convaincre étaient très minimes. Nasserdine Slimani, 33 ans, Français d'origine algérienne, s'était curieusement rétracté, sans la présence de ses avocats, contre Bensaïd, qu'il avait désigné durant l'enquête comme l'auteur de l'attentat: «Je n'ai jamais dit qu'il m'avait confié avoir perpétré les attentats», a expliqué Slimani à l'audience, accusant à mots couverts les policiers et les juges d'avoir commis des faux. Les enquêteurs de la brigade criminelle s'accrochent religieusement à leurs accusations et assurent, contre vents et marées, détenir les preuves que Bensaïd avait fait des repérages chronométrés dans le métro régional parisien et qu'il gérait les fonds envoyés de Grande-Bretagne par Rachid Ramda, financier présumé des attentats, toujours détenu outre-Manche dans l'attente d'une éventuelle extradition. Tout repose actuellement sur Rachid Ramda, que la justice française réclame depuis des années. Sans ce dernier, actuellement détenu en Grande-Bretagne, le procès n'aura aucun sens, estiment les spécialistes qui s'interrogent sur le refus de la justice britannique de l'extrader vers la France.