Les sanctions contre le Maroc pour son refus de se plier au Conseil de sécurité de l'ONU ne sont pas à l'ordre du jour. Lors de la très attendue conférence de presse du Premier ministre espagnol, la question du Sahara Occidental n'a pas manqué d'être soulevée. La question est tombée, nette, sans la moindre interprétation, contrairement à ce qu'a tenté de faire croire hier la presse marocaine. «L'Espagne a une position constante vis-à-vis de la question du Sahara Occidental. Elle soutient le droit du peuple Sahraoui à l'autodétermination, de même qu'elle soutient l'application du plan Baker.» Il est vrai que la veille, lors d'un dîner offert en l'honneur de l'hôte espagnol, le président Bouteflika avait lui aussi abordé cette question pour soutenir la même chose, indiquant que cette question est du ressort des Nations-unies et qu'elle ne doit absolument pas bloquer le processus d'édification de l'UMA comme s'évertue à le faire le Maroc depuis de nombreuses années, exerçant ainsi une forme de chantage sur les Etats du Maghreb arabe. Le responsable espagnol, en revanche, a éludé la question sur d'éventuelles sanctions à exercer contre le Maroc s'il refuse de se plier aux résolutions onusiennes alors que l'Etat ibérique est devenu officiellement membre du conseil de sécurité de l'ONU. «La dette algérienne auprès de l'Espagne (environ 50 millions de dollars) sera reconvertie en investissements directs et une importante délégation de chefs d'entreprises espagnoles va venir prochainement en Algérie pour établir des contacts avec leurs collègues et les autorités algériennes». Ce sont là les deux seuls résultats concrets annoncés par le président du gouvernement espagnol, M.José Maria Aznar lors de la conférence de presse qu'il a animée avant-hier à l'issue de sa visite et de ses entretiens avec les hauts responsables algériens dont le président Bouteflika. Autant dire que le chef du gouvernement espagnol qui se trouvait pour la deuxième fois en Algérie et dont c'était la dernière rencontre au sommet avec les autorités algériennes (il ne se représente pas aux prochaines élections législatives de mars 2004) a laissé sur leur faim les nombreux journalistes algériens et espagnols présents à ce point de presse. Certes, avant de se prêter au jeu des questions de ces derniers, M.José Maria Aznar, dans le préambule de sa rencontre avec la presse, s'est déclaré «très satisfait de l'excellence» des relations algéro-espagnoles dans tous les domaines qui selon lui, «ont été hissées au niveau le plus élevé» depuis la signature du fameux traité d'amitié et de coopération. D'ailleurs, comme «projets économiques stratégiques», de coopération bilatérale entre les deux parties, il a cité le gazoduc-Med -Gaz et le réseau électrique devant relier prochainement les deux pays. Comme il a salué l'entrée de l'Algérie au conseil de sécurité de l'ONU en tant que membre non permanent et annoncé que son pays soutiendra la prochaine adhésion de notre pays au sein de l'Organisation mondiale du Commerce ( OMC ). Mais dans ses réponses aux questionnements de la presse sur les grands sujets de l'heure tels que l'immigration ou la situation en Irak, l'Espagnol Aznar est resté confiné à des généralités sans grande conviction, pour ne pas dire à des envolées sans arguments. Ainsi à la question de savoir le nombre d'Algériens établis en Espagne et s'il y avait en vue des possibilités de régularisation pour ceux d'entre eux qui y résident illégalement, le président du gouvernement espagnol a éludé la question et s'est contenté de brandir «les sanctions» dans le cadre de la lutte européenne contre l'immigration clandestine.