Le soutien des ministres des Affaires étrangères de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), convoqués dimanche par l'Equateur à Guayaquil, impose la plus grande prudence à Londres Le siège de Julian Assange, réfugié sous bonne garde à l'ambassade d'Equateur, semblait hier parti pour durer alors que Londres doit composer avec la pression diplomatique exercée par les pays latino-américains pour honorer l'asile politique accordé au fondateur de WikiLeaks par l'Equateur. Le soutien des ministres des Affaires étrangères de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), convoqués dimanche par l'Equateur à Guayaquil, impose la plus grande prudence à Londres, déjà en délicatesse avec l'Argentine sur la souveraineté disputée des Iles Malouines. Appelant «les parties à poursuivre le dialogue afin de parvenir à une solution mutuellement acceptable», l'Unasur a réaffirmé «le droit souverain des Etats d'accorder l'asile». Le 24 août, l'Organisation des Etats américains (OEA) convoquera à Washington une réunion de ses membres, à laquelle ne participeront ni les Etats-Unis ni le Canada. De son côté, le ministère britannique des Affaires étrangères, s'il a écarté un assaut de l'ambassade et insiste désormais sur le fait que le dénouement du cas Assange pourrait prendre un temps «considérable», maintient qu'il doit appliquer la décision de la Cour suprême autorisant l'extradition de Julian Assange vers la Suède et donc l'arrêter dès qu'il aura posé le pied dehors. Dimanche, le discours du fondateur de WikiLeaks, prudemment prononcé depuis le balcon de l'ambassade, sous statut diplomatique, n'a guère fait avancer les choses. Assange s'en est pris principalement aux Etats-Unis, évitant soigneusement d'évoquer les accusations de viol et agression sexuelle portées contre lui en Suède, qui motivent son extradition. «Julian Assange a délibérément évité le sujet qui fâche, c'est-à-dire la raison pour laquelle il est recherché par la police suédoise», observe hier matin le quotidien The Independent. Or, relève le journaliste, «s'il était réellement engagé dans une bataille pour éviter l'emprisonnement aux Etats-Unis pour son travail pour WikiLeaks plutôt que d'avoir à répondre d'une accusation sordide d'agression sexuelle, ce ne sont pas des centaines, mais des milliers de supporters qui auraient été devant l'ambassade dimanche». L'avocat d'Assange, l'ancien juge espagnol Baltasar Garzon, a expliqué qu'il concentrait ses efforts pour obtenir du Royaume-Uni un sauf-conduit pour sortir Julian Assange du pays sans être arrêté. Mais la présence policière devant et à l'intérieur du bâtiment, dont l'ambassade d'Equateur n'occupe qu'un appartement, ne laisse aucun doute sur l'intention des Britanniques de l'arrêter dès qu'il posera un pied dehors.