Les nouvelles dispositions de l'accord entreront en vigueur le 1er septembre. Trois ans suffiront-ils à créer des entreprises performantes en Algérie? La fin du dégrèvement tarifaire à un taux zéro est prévue en 2017... L'Union européenne vient d'accorder 3 ans supplémentaires à certains produits dont la nomenclature est occultée, avant son démantèlement. Or, la léthargie et le statu quo actuel, qui font désormais consensus national, peuvent aller jusqu'à 2015. Dès lors, on aurait perdu encore deux ans, suivant de nombreux observateurs. Selon l'expert en économie Abderahmane Mebtoul, «il ne faut pas parler en termes d'avantages comparatifs- ou éviter des pertes évaluées à 1 milliard de dollars /an- mais plutôt en termes d'entreprises compétitives». Or, tout le monde sait que la sphère informelle est devenue le poumon de l'économie nationale. Elle est d'autant plus significative qu'on ne prend même pas la peine de s'inscrire au Centre national du registre du commerce. «Le dernier bilan fait état de la baisse d'inscription au Cnrc en 2012 par rapport à 2011», note-t-il. Selon les statistiques de l'ONS, l'économie algérienne est dominée par les activités tertiaires où plus de 83% d'entités économiques sont concentrées dans le commerce et les services. L'accord est une bonne chose sous réserve d'en finir avec la transition interminable de «ni économie administrée, ni économie de marché», souligne-t-il encore. Il faut dire également que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC est renvoyée aux calendes grecques depuis 1987. Le dépérissement du tissu économique algérien est tel que démantèlement tarifaire ou non, «cela ne changera rien. On n'est pas sorti de l'auberge tant qu'il n' y aura pas une réelle volonté politique pour réaménager les structures de gouvernance, forger une vraie stratégie économique et imprimer des nouvelles orientations pour sortir de l'économie de la rente axée sur les importations tous azimuts vers une économie productive», indique-t-il. Sachant que les exportations algériennes sont faites à 98% d' hydrocarbures bruts et semi-bruts. L'Algérie en tant que pays connaissant un haut degré de corruption son économie est restée soumise aux injonctions administratives et bureaucratiques. Les gestionnaires se retrouvent pieds et poings liés devant un Code des marchés publics de plus en plus complexe et flou et ce, alors que la dépénalisation de l'acte de gestion n'est pas encore appliquée. Le nouveau calendrier prévoit entre autres un report jusqu'en 2020 de la levée des barrières tarifaires pour une large gamme de produits industriels importés par l'Algérie, souligne le communiqué du ministère des Affaires étrangères, ajoutant que «cet accord prévoit également dans son volet agricole, un réaménagement de certains contingents préférentiels de l'Union européenne pour les produits agricoles, et produits agricoles transformés». Plusieurs facteurs endogènes et exogènes ont favorisé la signature d'un accord entre l'Algérie et l'Union européenne, selon les économistes. La signature par l'Algérie de plusieurs accords de partenariat dont l'accord de coopération avec le Qatar pour la réalisation d'un complexe sidérurgique à Bellara et un accord préliminaire pour la création d'un fonds de souveraineté algéro-qatarien, et celui algéro-émirati relatif à la construction d'une usine de véhicules blindés «NIMR», sont autant de facteurs qui ont joué en faveur du report du démantèlement demandé par l'Algérie, a indiqué l'économiste, Bachir Messaïtfa. La transformation de l'Algérie en pays doté d'excédents financiers dont la contribution ou le soutien est sollicité par le FMI pour accroître ses capacités de prêt, est un autre facteur ayant appuyé la demande de l'Algérie. La balance commerciale pour les sept premiers mois de l'année 2012 «fait ressortir le recul des pays de l'UE en faveur de la Chine, les Etats-Unis et d'autres pays arabes», a-t-il expliqué. Selon notre interlocuteur, «l'avancée enregistrée lors des derniers rounds de négociations en vue d'adhésion à l'OMC comprenant 150 pays, a mis aussi de la pression à l'UE qui ne compte que 27 pays». La crise de la zone euro s'accélère, la crise grecque a pris une tournure inquiétante, l'Espagne déficitaire qui demande de l'aide, la revue à la baisse de la croissance en France et en Allemagne sont d'autres facteurs exogènes à côté de l'arrivée au pouvoir des socialistes en France qui ont soutenu le négociateur algérien. Ainsi, l'Algérie et l'Union européenne sont parvenues, après plus de deux années de consultations, à un accord sur la révision du calendrier du démantèlement tarifaire de l'Accord d'association, a indiqué dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères. Les nouvelles dispositions de l'accord entreront en vigueur le 1er septembre prochain. Pour rappel, dès 2010, l'Algérie a demandé à la Commission européenne une révision du calendrier du démantèlement tarifaire dans le but d'assurer une meilleure protection à certaines filières industrielles nationales en développement et de permettre aux entreprises algériennes de mieux se préparer à l'avènement de la zone de libre-échange avec l'Union européenne, prévu à l'horizon 2020.