Les ministres des Affaires étrangères des Non-alignés examinaient hier le document préparatif au sommet des chefs d'Etat L'Iran accueille, pour la première fois jeudi et vendredi, le sommet des pays Non-alignés où la réforme des Nations unies, l'érection de l'Etat palestinien et les sanctions unilatérales imposées par l'Occident seront au menu. Les sanctions occidentales contre l'Iran et d'autres pays, une réforme de l'ONU ou le soutien à la cause palestinienne sont au menu de discussions ministérielles ouvertes hier à Téhéran par les pays Non- alignés pour préparer leur 16e sommet. Les représentants des 120 membres du Mouvement des Non-alignés, dont quelque 70 ministres des Affaires étrangères, doivent examiner pendant deux jours le projet de document final de ce sommet, qui doit rassembler plusieurs dizaines de chefs d'Etat ou de gouvernement jeudi et vendredi dans la capitale iranienne. Sous la houlette de l'Iran, qui s'apprête à prendre la présidence du Mouvement pour trois ans, le document de 200 pages soumis aux ministres condamne fermement les sanctions, pressions et menaces unilatérales dont plusieurs pays de l'organisation font l'objet de la part des Occidentaux et de leurs alliés. L'Iran et la Corée du Nord notamment sont soumis à des sanctions pour leurs programmes nucléaires, tandis que la Syrie, le Zimbabwe ou Cuba sont plutôt visés pour leurs «violations» des droits de l'Homme. Sans se référer à des cas particuliers, le document de travail publié sur le site iranien du Mouvement des Non-alignés dénonce toute forme de «sanctions économiques», «pressions politiques» ou «actions militaires» unilatérales, incluant les «attaques préventives» dont l'Iran a été menacé par Israël ou les Etats-Unis. Il rejette la «diabolisation» de certains Etats par les Occidentaux, une allusion transparente aux Etats-Unis qui ont accusé dans le passé l'Iran ou la Corée du Nord d'appartenir à un «axe du mal». Le document aborde également de nombreux autres thèmes traditionnels au Mouvement des Non-alignés, créé en 1961 par les principaux pays émergents pour contrebalancer l'hégémonie des Etats-Unis et de l'URSS. Il réclame ainsi à nouveau une «démocratisation» du Conseil de sécurité de l'ONU visant à y réduire l'influence des grandes puissances, Etats-Unis en tête, accusées implicitement d'utiliser cette instance pour défendre leurs intérêts politiques. Il réaffirme aussi le soutien des Non-alignés à la création d'un Etat palestinien dans les frontières internationales de 1967 afin de parvenir à une paix juste au Proche-Orient, et la condamnation de l'occupation israélienne de territoires palestiniens. Le sommet devrait renouveler son appel au désarmement et à la création de zones dénucléarisées, notamment au Moyen-Orient où Israël, seule puissance nucléaire de la région, est directement visé. Il devrait par ailleurs réaffirmer le droit de tous les pays à l'énergie nucléaire pacifique, un leitmotiv de l'Iran pour justifier son ambitieux programme nucléaire face aux grandes puissances qui le soupçonnent de chercher, malgré ses démentis, à se doter de l'arme atomique. Quelque 35 chefs d'Etat ou de gouvernement et les délégations d'une centaine de pays sont attendus au sommet, dont le régime iranien espère tirer profit pour rompre l'isolement international dans lequel les Occidentaux essayent de l'enfermer. Parmi eux figure le nouveau président égyptien Mohammed Morsi, qui effectuera la première visite d'un chef d'Etat égyptien à Téhéran depuis la révolution pour transmettre à l'Iran la présidence du Mouvement. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon sera également présent en dépit des critiques formulées par les Etats-Unis. Il devrait avoir en marge du sommet des entretiens avec les dirigeants iraniens, selon son porte-parole. Le chef de l'ONU compte en profiter pour transmettre «clairement» à Téhéran «les inquiétudes et les attentes de la communauté internationales» concernant la question nucléaire et d'autres sujets sensibles, selon la même source. Outre le nucléaire, l'Iran est régulièrement dénoncé par l'ONU pour ses atteintes aux droits de l'Homme, et M.Ban a critiqué à plusieurs reprises les appels des dirigeants iraniens à éradiquer la «tumeur» d'Israël au Proche-Orient.