Le ministre syrien des Affaires étrangères a accusé les Etats-Unis d'être «l'acteur principal» qui encourage les rebelles à combattre le régime de Bachar Al Assad, dans une interview publiée hier par le quotidien britannique The Independent. «Nous croyons que les Etats-Unis sont l'acteur principal contre la Syrie et les autres sont des instruments», déclare Walid Muallem. Selon lui, les Américains utilisent la Syrie pour contrer l'influence de l'Iran au Moyen-Orient et ont exagéré les capacités nucléaires de Téhéran dans le but de vendre des armes aux pays du Golfe. Et M. Muallem de citer une étude récente d'un cercle de réflexion américain, the Brookings Institution, qui a conclu que «si vous voulez contenir l'Iran, vous devez commencer avec Damas». «Des émissaires occidentaux nous ont dit au début de cette crise que les relations entre la Syrie et l'Iran, la Syrie et le Hezbollah (libanais), la Syrie et le Hamas (palestinien) sont les éléments majeurs derrière cette crise», explique le ministre. «Mais personne ne nous a dit pourquoi il est interdit pour la Syrie d'avoir des relations avec l'Iran quant la plupart, mais pas tous, des pays du Golfe ont de très importantes relations avec l'Iran», ajoute M.Muallem. Le ministre syrien accuse aussi les Etats-Unis de soutenir l'offensive militaire des rebelles en leur fournissant du matériel de télécommunication, ce qui signifie soutenir le terrorisme. Walid Muallem rejette enfin les craintes d'un usage éventuel d'armes chimiques par le régime Assad, affirmant que «la responsabilité du gouvernement est de protéger son peuple». L'emploi d'armes chimiques par le régime syrien serait «une cause légitime d'intervention directe» de la communauté internationale, avait déclaré lundi le président français François Hollande. Le président américain Barack Obama avait lui aussi, la semaine dernière, averti le régime qu'un recours aux armes chimiques ou même leur déplacement reviendrait à franchir une «ligne rouge» pour Washington et brandi la menace, le cas échéant, d'une intervention militaire. De son côté, le vice-président syrien Farouk al-Chareh a estimé que la solution en Syrie passait par «un arrêt des violences de la part de toutes les parties» afin de permettre «un dialogue national», rapportait hier le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir. Ces déclarations surviennent après que le chef de la diplomatie Walid Mouallem a dit qu'il n'y aurait aucune négociation tant que le pays n'aurait pas été «purgé» des rebelles et que le président Bachar Al Assad a réaffirmé qu'il vaincrait «quel qu'en soit le prix» le «complot étranger» contre son pays. «La base d'un règlement sans conditions préalables de la crise en Syrie passe par l'arrêt des violences de la part de toutes les parties et le lancement d'un dialogue national», a déclaré, selon son directeur de cabinet, M. Chareh à un émissaire de l'Iran, allié clé du régime.