La loi interdit la création d'un parti politique sur la base de la religion ou de la race. Le champ politique national tend à s'élargir avec la prochaine naissance d'un nouveau parti politique dont l'idéologie se fonde sur un concept prôné déjà en 1948 par Malek Bennabi et qui se veut réconciliateur entre islamisme et démocratie. «La naissance de ce parti est dictée par l'impératif de réduire le fossé qui sépare les Algériens en raison d'une guerre civile permanente», selon les rédacteurs du communiqué anonyme. Dans un premier temps, cette nouvelle association tente d'expliquer les raisons ayant conduit le pays à traverser une crise de plus d'une décennie. «Le plus grave et le plus inquiétant est que cette crise a ébranlé les valeurs sur lesquelles se fonde la cohésion nationale et a dissous le lien social» lit-on dans le document. Sans toutefois avancer d'alternative concrète et rationnelle, les initiateurs de ce document s'en remettent à l'Islam comme doctrine pour sortir le pays du marasme où il a été plongé une décennie durant. C'est ainsi qu'il est avancé que «l'Islam dont il n'est point besoin de revenir sur son glorieux et brillant passé est totalement étranger à cette situation». Ave el argument, il n'est point utile de décoder l'appel fait aux islamistes de tout bord pour rejoindre les rangs de ce parti. Une stratégie en vogue puisque d'autres partis agréés ou en attente d'un récépissé ont déjà utilisé le subterfuge en faisant des clins d'oeil aux militants de l'ex-FIS. «Créateur d'une grande civilisation à vocation universelle, l'Islam n'a cessé, durant toute sa grandeur temporelle, de faire la promotion de la liberté personnelle, du progrès et du développement intellectuel» est-il encore noté plus loin dans le document. En outre et pour brasser large, les initiateurs se déclarent démocrates convaincus «la démocratie comme modèle assurant les libertés fondamentales de l'homme et générant la prospérité économique n'est en aucune façon antinomique avec la conception de l'Islam de gérer l'espace politique». Un espace politique menacé par les islamistes qui ont mis à profit cette brèche démocratique pour imposer leur hégémonie intégriste fondamentaliste et qui a conduit le pays à cette «guerre civile permanente» que les rédacteurs de ce document tentent vaille que vaille de dénoncer. En outre et pour justifier leur bonne foi de respecter l'alternance démocratique ils n'hésitent pas à affirmer : «L'absence de liberté humaine et de démocratie politique est indéniablement un facteur d'immobilisme, voire de régression, de déclin et de décadence dans l'ère arabo-islamique livrée à l'autocratie, la tyrannie et la dictature». Un raisonnement battu en brèche par l'appellation de ce mouvement qui se veut être l'Union des démocrates musulmans algériens. En effet, d'ores et déjà, ce parti est sectaire puisque bien avant de recevoir l'aval des autorités, il exclut de facto les Algériens chrétiens, et autres, et fait abstraction de la diversité culturelle du peuple algérien auquel la Constitution de 1989 amendée en 2001 accorde sa dimension trilingue d'arabité, d'amazighité et d'islamité, bien que la loi portant création d'associations à caractère politique interdit la création de parti sur la base de la religion et de la race. En outre la même loi adoptée en avril 1990 interdit l'utilisation de sigle utilisé avant l'indépendance en citant nommément le PPA, le Mtld et l'Udma. Les initiateurs du parti en gestation ignorent-ils que la loi sur les associations à caractère politique ne permet pas l'utilisation des sigles du mouvement national? Cependant ces personnes, ignorant peut-être ladite disposition, ont décidé d'y passer outre en créant l'Union des démocrates musulmans algériens dont l'abréviation n'est autre que l'Udma. Un sigle qui rappelle celui utilisé par Ferhat Abbas pour son parti, l'Union démocratique pour le manifeste algérien, créé en 1943 et dissous en 1957 avant de rejoindre le FLN. De ce fait, cette nouvelle association à caractère politique se retrouve doublement en porte-à-faux avec la loi.