À la grande mansuétude de l'Etat à l'égard des terroristes dans le cadre de sa charte portant réconciliation nationale, le président de la République met un bémol : le FIS dissous (Front islamique du salut) ne renaîtra pas de ses cendres. Le parti islamique, à l'origine de la violence intégriste qui secoue encore le pays de manière spasmodique après avoir atteint son paroxysme au milieu des années 90, ne retournera pas à la légalité. Ses responsables, dont Abassi Madani et Ali Benhadj, n'auront, de surcroît, plus le droit à l'exercice politique, sous quelque forme que ce soit. Le président de la République a été très clair sur ce point-là. “(…) le projet de charte prévoit l'interdiction de tout exercice d'une activité politique, sous quelque forme que ce soit, aux responsables de cette instrumentalisation de notre religion, de même que l'interdiction de toute activité politique à quiconque ayant une part de responsabilité dans la conception et dans la mise en œuvre de la politique prônant le pseudo-djihad contre la nation et les institutions de la République algérienne démocratique et populaire.” Il est vrai que le président Bouteflika et son chef du gouvernement Ahmed Ouyahia ont, à maintes reprises lors de leurs sorties publiques, clamé haut et fort que la page du FIS dissous est définitivement tournée. Des appréhensions subsistaient néanmoins tant le doute planait sur la capacité des leaders du parti dissous, ou autres islamistes radicaux, à se refaire une virginité politique et à poursuivre la conquête du pouvoir sous la chapelle d'un nouveau parti. Un parti qui n'aura, au demeurant, de nouveau que le nom puisqu'il prêchera l'idéologie intégriste qui a endeuillé l'Algérie pendant si longtemps. L'interdiction de Wafa, parti créé par Taleb Ibrahimi avec quelques membres fondateurs du FIS dissous, a quelque peu atténué les craintes des démocrates sans les inhiber tout à fait. Le président de la République a néanmoins mis fin, hier, aux supputations. L'Etat ne commettra plus l'erreur d'ouvrir le champ politique à des personnes qui ne rêvent que d'une République islamique et qui ne croient qu'au djihad. Ainsi l'Etat empêchera, si le peuple approuve le projet du président Bouteflika, Abassi Madani, Ali Benhadj et le reste du contingent des islamistes purs et durs d'exercice politique. C'est peut-être l'unique point appréciable de la charte portant réconciliation nationale, qui sera soumise à référendum le 29 septembre prochain. S. H.