Après d'âpres négociations, la demande formelle introduite par l'Algérie pour la révision de l'Accord d'association avec l'Union européenne a enfin abouti. Le processus de démantèlement tarifaire pour les produits industriels, mis en place le 1er septembre 2005, dans le cadre de l'Accord de coopération avec l'Union européenne, n'a pas beaucoup profité à l'Algérie, en raison, notamment, du déséquilibre de sa balance commerciale et de l' investissement qui sont restés, selon les experts, très loin des objectifs attendus. C'est pour rétablir l'équilibre et corriger toutes les insuffisances constatées qu'elle avait introduit, le 15 juin 2010, une demande formelle pour la révision du démantèlement tarifaire concernant, justement, les produits industriels, ainsi que les concessions tarifaires des produits agricoles et agroalimentaires en question. Intervenant à l'occasion de la journée de sensibilisation et d'information sur le nouveau schéma de démantèlement tarifaire avec l'Union européenne, organisée, hier à l'hôtel Sheraton d' Alger, le ministre du Commerce plaide pour un partenariat gagnant-gagnant. Tout en rappelant que c'est dans cette perspective que l'accord de coopération avec l'Union européenne a été conclu, Mustapha Benbada est persuadé qu'«après 5 années de mise en oeuvre de cet accord, des constats critiques ont été établis quant au bilan des échanges commerciaux et de l'investissement qui sont restés et demeurent loin des objectifs attendus». Prévu en trois étapes, le processus de démantèlement concerne, pour la première, une liste de 2034 lignes tarifaires, constituées essentiellement de matières premières et d'équipements. Pour la seconde, qui comprend une liste de 1095 lignes tarifaires de demi-produits et de certains produits finis, «le démantèlement est étalé sur 7 années avec 2 années de différé pour aboutir à un taux de 0%, en 2012», a déclaré le ministre. Quant à la troisième qui intéresse 1860 lignes tarifaires, elle est étalée, selon Mustapha Benbada, sur une période de 12 ans avec 2 ans pour atteindre un taux de 0% à l'horizon 2017. S'il est vrai que le rythme de démantèlement a eu pour conséquence immédiate la consolidation de la part de l'Union européenne dans le marché algérien, côté algérien, par contre, on s'estime lésés parce que l'Accord de coopération prévoit une politique de partenariat, mutuellement profitable. «c'est dans ce cadre que l'Algérie a présenté, il y a deux années, une révision du démantèlement tarifaire, ainsi que la révision des concessions tarifaires agricoles pour les branches industrielles et les filières agricoles qui nécessitent une protection adaptée de telle façon que le rythme et le niveau de démantèlement ne constituent pas une contrainte à leur développement», a précisé l'orateur. S'appuyant sur les articles 11 et 16, l'Algérie a imposé la révision du calendrier du démantèlement tarifaire pour «un nombre de produits ne dépassant pas 15% des importations originaires de l'Union européennes et que le droit de douane rétabli ne dépasse pas 25%». Selon lui, «l'attente de l'Algérie dans cette expérience de renégociation était de parvenir à l'obtention d'un délai supplémentaire dans la mise en oeuvre de la zone de libre-échange et aussi de rétablir ou de geler les taux de droit de douane pour les produits des filières sensibles afin de permettre à nos entreprises publiques et privées d'avoir l'opportunité d'une mise à niveau dans la perspective d'une préparation à une concurrence loyale.» C'est à ces entreprises de se distinguer, en redoublant d'efforts dans les domaines de la production, de la gestion et du management afin, a ajouté le ministre, de préserver leurs parts de marché et de les développer, en améliorant leur compétitivité. Cette nouvelle donne témoigne de la détermination affichée par l'Algérie d'impulser une nouvelle dynamique à notre économie et la protéger dans le cadre de l'accord de coopération avec l'Union européenne. Il ne faudrait pas l'oublier, le marché de l'informel nuit à son essor et pour l'éradiquer, le gouvernement a besoin de temps.