Le chef de la diplomatie iranienne lors de l'ouverture, mardi, de la rencontre des ministres des AE des Non-alignés Le 16e sommet des Non-alignés donnera à l'Iran pour trois ans la présidence tournante de cette organisation que Téhéran souhaite relancer pour faire pièce aux grandes puissances occidentales. Les dirigeants d'une centaine de pays non-alignés, dont une trentaine de chefs d'Etat ou de gouvernement, assistent aujourd'hui et demain à Téhéran à un sommet dont l'Iran espère profiter pour rompre l'isolement international induit par les accusations de l'Occident sur son programme nucléaire présumé controversé. Le 16e sommet du Mouvement des Non-alignés donnera à l'Iran pour trois ans la présidence tournante de cette organisation que Téhéran souhaite relancer pour faire pièce aux grandes puissances occidentales. Sous la houlette iranienne, le sommet pourrait notamment condamner les sanctions unilatérales dont plusieurs de ses membres, Iran en tête, sont frappés par les Occidentaux pour leur politique nucléaire ou leurs présumées violations des droits de l'Homme. Sans mentionner de cas particulier, un projet de document final soumis mardi et hier aux ministres des Affaires étrangères du mouvement dénonce les «sanctions économiques», «pressions politiques» ou «actions militaires» unilatérales contre ses membres, incluant les «attaques préventives» dont l'Iran a été menacé par Israël et les Etats-Unis. Le document insiste également sur de nombreux autres thèmes traditionnels au Mouvement des Non-alignés, et souvent proches des positions iraniennes: démocratisation du Conseil de sécurité de l'ONU visant à y réduire l'influence des grandes puissances, Etats-Unis en tête, rejet de toute ingérence dans les crises intérieures de ses membres, soutien à la création d'un Etat palestinien, appel au désarmement nucléaire. Il réaffirme aussi le droit de tous les pays à l'énergie nucléaire pacifique, un leitmotiv de l'Iran face aux Occidentaux qui le soupçonnent de chercher, malgré ses démentis, à se doter de l'arme atomique. D'ores et déjà, Téhéran a estimé que la tenue même de ce sommet, présenté comme l'événement diplomatique le plus important en Iran depuis la révolution islamique de 1979, constituait une victoire dans sa lutte pour sortir de l'isolement, même si la plupart des pays représentés au plus haut niveau sont ses alliés ou partenaires traditionnels, ou de petits pays peu impliqués sur la scène diplomatique internationale. Certains dirigeants semblent toutefois décidés à faire un service minimum, comme le nouveau président égyptien Mohamed Morsi qui ne passera que quelques heures aujourd'hui à Téhéran pour transmettre la présidence du Mouvement à l'Iran, déclinant les offres iraniennes d'entretiens bilatéraux. De même, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a décidé de se rendre à Téhéran malgré les critiques des Etats-Unis. Mais M.Ban a fait savoir clairement qu'il entendait profiter de ses entretiens bilatéraux prévus avec les principaux dirigeants iraniens pour leur rappeler la nécessité «urgente» de répondre aux «inquiétudes et attentes de la communauté internationale» sur le programme nucléaire iranien, le terrorisme, les droits de l'Homme ou la crise en Syrie. Pour s'assurer qu'aucun incident ou problème ne viendrait ternir cette grand-messe destinée à montrer l'image d'un Iran puissant, calme et stable, les autorités ont déployé les grands moyens. Quelque 110.000 policiers et militaires ont été mobilisés dans tout le pays, quadrillant notamment étroitement le nord de Téhéran où se tient le sommet et qui offre depuis le début de la semaine des images d'état de siège. Les autorités ont également mis en congé depuis mardi, pour cinq jours, les administrations, banques ou entreprises d'Etat de Téhéran afin de faciliter les déplacements des délégations, en réduisant les embouteillages homériques et la sévère pollution de la capitale iranienne.