Les deux leaders des syndicats ont annoncé officiellement que leurs actions seront désormais coordonnées. Les informations fournies, avant-hier, par le ministère de l'Education nationale, relatives aux taux de reprise des cours dans les lycées par wilaya, ont suscité des réactions hostiles de la part des syndicats initiateurs de la grève, en l'occurrence le CLA et le Cnapest. Ce dernier estime que ces données ne correspondent à aucune réalité du moment que la grève, contrairement aux déclarations de la tutelle, a été massivement suivie sur tout le territoire national. Ainsi lors de leur conseil national, tenu hier au siège du Cnes, les membres du Cnapest ont procédé à une comparaison entre les taux fournis par le ministère et ceux en leur possession mettant ainsi à nu «la bourde» de cette institution ministérielle qui, selon eux, n'a pas trouvé mieux «que de mentir sur les taux pour intimider davantage les enseignants», maintenant toujours leur décision de poursuivre la grève jusqu'à satisfaction totale des revendications. M.Rézig, membre de ce syndicat, a illustré ces accusations par des exemples pouvant les justifier. L'orateur a commencé par l'exemple d'Alger. Selon lui, le suivi était quasiment total, seulement quelques enseignants ont repris leur poste sous la menace, contrairement aux déclarations du ministre qui fait état d'une reprise dépassant les 26%. «Sur un total de 102 lycées, seulement 2, 3 ont repris partiellement les cours», déclare-t-il avant d'affirmer: «Tous les taux avancés par le ministère restent erronés.» D'autres contradictions sont relevées par notre interlocuteur concernant les taux avancés relatifs à d'autres wilayas par la tutelle telles que Aïn Defla où il est fait mention d'un taux de suivi de 100%, alors que le Cnapest soutient que ce dernier ne dépasse pas les 2%. Même constat pour la wilaya de Chlef. Alors que le communiqué ministériel fait état d'une reprise qui dépasse les 50%, ce syndicaliste confirme que sur les 36 lycées existant dans la région, seulement 5 ont observé une reprise partielle. D'autres exemples nous ont été fournis par M.Rézig et qui étaient en totale contradiction avec ceux avancés par la tutelle. Par ailleurs, les deux leaders des syndicats grévistes ont annoncé officiellement que leurs actions seront désormais coordonnées et ce en dépit des différends qui les opposent notamment en ce qui concerne leurs approches. Cette solidarité ne peut témoigner que de la détermination des deux protagonistes à faire durer leur mouvement de grève et faire barrage à toutes les tentatives qui pourraient le déjouer. D'ailleurs, une réunion sera tenue conjointement afin de décider des suites à donner à cette protestation, a-t-on appris de la part de M.Osmane, SG du CLA. Pour sa part, le Cnapest a, encore une fois, sollicité une intervention de la part du président de la République à travers laquelle «il aura à clarifier sa position vis-à-vis de ce mouvement». M.Mériane a, par ailleurs, fustigé la démarche de l'Entv qui, selon lui, verse dans la manipulation de l'information concernant le traitement de cette grève. Rétorquant aux questions des journalistes concernant sa rencontre avec la tutelle, le président du Cnapest déclare: «Nous sommes des dialoguistes et des légalistes, nous n'avons à aucun moment décliné une invitation, seulement la tutelle nous a sous-estimés en privilégiant l'Ugta.» Et d'ajouter: «Nous n'avons pas besoin de tuteur». De leur côté, l'union des associations des parents d'élèves de la wilaya d'Alger a affiché son soutien aux enseignants, tout en stigmatisant la rétention exercée à leur encontre de la part de la tutelle. D'autres messages de soutien aux enseignants ont été formulés par les PEF et les MEF qui menacent, eux aussi, d'entamer un mouvement de grève si jamais les décisions du conseil du gouvernement sont appliquées.