Reprise des cours dans les paliers inférieurs et poursuite de la grève dans le secondaire. En effet, malgré les menaces de représailles proférées à leur encontre par le ministère de l'Education nationale, les enseignants du secondaire ont poursuivi, hier, leur mouvement de grève. C'est ce que nous avons constaté au niveau des lycées d'Alger. Les établissements scolaires, où les professeurs sont affiliés au Cnapest, sont restés fermés durant toute la journée d'hier. « Nous sommes en grève et n'avons peur de rien. S'ils veulent nous licencier parce que nous avons soulevé des revendications légitimes, qu'ils le fassent », lance une enseignante au lycée Omar Racim d'Alger-Centre. Comme elle, de nombreux enseignants ont commenté « la réaction musclée du ministère et du gouvernement », qui, selon eux, « démontre à l'opinion le vrai visage de nos autorités ». « Je suis pauvre. Je n'ai que ce salaire pour nourrir mes enfants, mais s'ils veulent me radier, je ne perds rien », tonne une autre enseignante. Alors que le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, évoque « une reprise du travail par 92% des enseignants », le Cnapest, lui, affirme le contraire. Selon le secrétaire général du syndicat, Nouar Larbi, le taux de suivi de la grève a atteint 85%. « Même les enseignants ayant repris le travail dans la matinée par crainte ont débrayé dans l'après-midi », lance-t-il. Hormis les lycées, les cours se sont déroulés d'une manière ordinaire dans le primaire et le moyen. Les enseignants dans ces deux paliers ont respecté la décision du conseil national de l'Unpef qui a appelé la veille à la reprise des cours. Si la grève fait partie du passé pour les élèves des paliers inférieurs, pour ceux du secondaire la situation n'est pas encore claire. Ils doivent attendre la décision du conseil national du Cnapest qui tranchera la question de la grève aujourd'hui. « Le conseil national est la seule instance délibérante de notre syndicat. Nous avons des paramètres à prendre en considération, dont les menaces des pouvoirs publics et la volonté des enseignants. Aujourd'hui (hier, ndlr), nous avons tenu des conseils de wilaya et les décisions qui seront prises seront entérinées par le conseil national », souligne Nouar Larbi. Des options pour le rattrapage des cours Les responsables des deux syndicats se sont montrés outrés par la batterie de mesures répressives annoncées par le gouvernement. « La menace de dissolution de notre syndicat ne repose sur aucun argument législatif. En s'attaquant à des syndicats représentatifs, le ministère prouve encore une fois sa volonté de ne maintenir que des organisations clonées qui ne le dérangent point. Cela confirme également que le même ministère ne se soucie pas du respect des lois », lance Nouar Larbi. Et d'ajouter : « Comment veut-on que l'enseignant qui travaille sous la menace et avec la crainte soit performant. Ce n'est pas possible ! A moins que la tutelle souhaite former des gens craintifs et peureux qui ne revendiquent plus. » Soulignant que les enseignants qui sont des descendants de Larbi Ben M'hidi tiennent toujours à leur dignité, notre interlocuteur relève l'inefficacité des menaces du ministère. « Les responsables de la tutelle manquent de pouvoir discrétionnaire. C'est pour cela que tous les arguments qu'ils ont avancés pour arrêter la grève ont produit l'effet inverse », estime-t-il. L'Unpef abonde dans le même sens. « Cette grève a montré le vrai visage du gouvernement. Il est aujourd'hui clair que ce gouvernement n'a aucune volonté de résoudre les problèmes du secteur », soutient Messaoud Amraoui, chargé de communication de l'Unpef. Ce dernier dénonce aussi l'atteinte aux libertés syndicales et le recul sur le droit à la grève. Par ailleurs, le ministère de l'Education pense déjà au rattrapage des cours. Plusieurs options ont été avancées par Boubekeur Benbouzid. « Soit on va déduire une semaine des vacances de printemps soit on va opter pour la dispense des cours tous les samedis durant un mois », explique-t-il.