La justice a rendu un verdict hier appelant les syndicats à suspendre la grève et à reprendre les cours. Entamée depuis le 8 novembre, la grève déclenchée par les syndicats autonomes de l'Education est largement suivie, notamment au niveau des lycées. C'est ce qu'a indiqué le chargé de l'information au Conseil des lycées d'Algérie (CLA), M.Idir Achour, dans une déclaration hier à L'Expression. «Le mouvement s'est renforcé par l'entrée en lice de nos collègues du CLA ainsi que les contractuels», a-t-il affirmé. Il a indiqué que «le taux de participation à la grève a enregistré un pic de 90% au niveau du secondaire contre 60% et 70% dans les deux autres paliers, en l'occurrence, primaire et CEM». Et d'enchaîner, «c'est ce qui dénote le mécontentement des travailleurs du secteur de l'éducation qui ont beaucoup attendu et sont déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications quelles que soient les intimidations». De son côté, le porte-parole du Syndicat national autonome des professionnels de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), M.Méziane Mériane, a indiqué à L'Expression que «le taux de plus de 90% a atteint un pic qu'on n'a jamais enregistré depuis la fameuse grève de 2003». A ses yeux, «cette réussite du débrayage est due au marasme dans le secteur de l'éducation ainsi qu'à l'unité d'action des syndicats autonomes. On se réjouit de cette unité syndicale.» Et de conclure: «Le droit du fonctionnaire doit primer les divergences syndicales lorsqu'elles existent.» Pour sa part, le chargé de communication et de l'information auprès du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), M.Messaoud Boudiba, a affirmé que le débrayage a enregistré le plus fort taux de participation jamais réalisé soulignant que «la tutelle a envoyé des correspondances aux lycées les incitant à ne pas faire grève sinon il y aurait des sanctions sur leurs salaires». L'interlocuteur estime que «l'intimidation n'est pas une solution. Les enseignants ont perçu ces sanctions comme une humiliation car leurs revendications sont légitimes». Initiée par le Syndicat national autonome des professionnels de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) et le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), la grève est jugée largement suivie selon ces syndicats. En revanche, le ministère de l'Education nationale émet un autre son de cloche. Contacté par nos soins, une source officielle proche du ministère de l'Education avance le chiffre de «33% de participation au débrayage». Et de préciser que «la circulaire en question a été envoyée aux directions de l'éducation à travers les wilayas. L'objectif est d'informer les enseignants des différents contacts et réunions que le ministre de l'Education nationale a eus avec les syndicats autonomes». Et de poursuivre que «les relations entre la tutelle et ces syndicats n'ont jamais été rompues. Bien au contraire, ces syndicats ont participé à une commission mixte (ministère-syndicats) afin de faire des propositions relatives au régime indemnitaire». Et d'enchaîner: «Théoriquement, puisque le dialogue n'a jamais été interrompu, il n'y a pas lieu d'aller vers l'action extrême telle que la grève. Dans ce sens, le ministère a tenu à informer les enseignants que dès qu'il y a rupture de contrat de travail par la grève, il y a forcément sanction sur le salaire conformément à la loi.» La même source a fait savoir que «suite à la saisine de la justice par le ministère de l'Education nationale au sujet du débrayage, la justice a rendu un verdict appelant les syndicats à suspendre la grève et à reprendre les cours». Par ailleurs, selon une correspondance de la wilaya d'Oran, la grève a été fortement suivie notamment au niveau secondaire atteignant un taux de 97%. «Cela est dû au Snapest qui maîtrise 53 lycées sur les 55 qui existent dans cette wilaya», nous dit-on. Les mêmes impressions ont été recueillies dans la wilaya de Annaba avec «un taux de 95% au niveau des écoles primaires et CEM et 100% dans les lycées», selon nos correspondants. Dans la wilaya de Béjaïa, la grève a été suivie à «80% dans les lycées, mais beaucoup moins au niveau des écoles primaires et CEM parce que c'est le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Snte), affilié à l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) qui domine», soulignent nos correspondants.