Si l'implication du colonel Kadhafi est prouvée, les Américains ne comptent pas y aller avec le dos de la cuillère. El Guedaffi avait-il vraiment l'intention de faire assassiner dans un attentat le prince héritier saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz? Une accusation rapportée par deux personnes présumées impliquées dans le complot, à l'encontre du dirigeant libyen. Trois pays, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Arabie Saoudite, enquêtent actuellement sur la crédibilité de cette inculpation qui, faut-il le dire, pourrait remettre en cause les efforts du colonel Kadhafi pour se refaire une virginité et rentrer dans le rang de la communauté internationale. Décidément, si l'implication du colonel Gueddafi est prouvée, les Américains ne comptent pas y aller avec le dos de la cuillère. «Quand nous aurons établi tous les faits, nous nous en occuperons comme il se doit», a indiqué le président Georges W.Bush. De son côté, le chef de la diplomatie libyenne, Abdel Rahman Chalgham, a catégoriquement démenti les accusations prononcées à l'encontre de son «chef». Même si les dirigeants saoudiens n'ont pas encore commenté les révélations du New York Times, les médias du royaume wahhabite ne cessent de faire de cette question un grand tapage médiatique, tout en dénonçant «l'ingratitude» du colonel Gueddafi. La télévision saoudienne s'est montrée virulente à l'égard du chef de la révolution libyenne. Les informations rapportées par le New York Times ont été reprises par la télévision de l'Etat wahhabite. Le quotidien Al Hayat a, de son côté, rapporté que l'Arabie détenait deux Libyens impliqués dans le complot fomenté contre le prince saoudien. Tout en se gardant de révéler un nom, Al Hayat a fait savoir qu'un autre Egyptien a été recruté également par Tripoli en vue «d'assassiner une éminente personnalité saoudienne». Selon le même journal, en septembre 2003, deux Libyens avaient été capturés au Caire après avoir essayé d'attaquer le chef de la diplomatie saoudienne Saoud Al-Fayçal. Ces deux présumés avaient témoigné, d'après les informations transmises par Al Hayat, avoir voulu «venger le colonel Gueddafi, qualifié de menteur par le prince héritier saoudien lors du sommet arabe de Charm El-Cheikh (Egypte) en mars 2003». Le quotidien saoudien Al-Watan a indiqué que Saâd Al-Faqih et Mohammad Al-Massari, des opposants saoudiens basés à Londres, avaient livré les noms «de terroristes censés mener une opération contre 1 million USD chacun». Quant au quotidien Al-Riyadh, il accuse le chef de la Djamahiria d'«ingratitude» envers l'Arabie qui, avec l'Afrique du Sud, étaient intervenus afin de suspendre les sanctions imposées par l'ONU à la Libye après l'attentat de Lockerbie en 1988. «Quatre Saoudiens, membres présumés d'Al-Qaîda, avaient été recrutés par la Libye pour assassiner le prince héritier saoudien Abdallah», affirme Asharq Al-Awsat dans son édition d'hier. Selon le journal, les mis en cause ont été interpellés en novembre dernier par les agents de l'ordre saoudiens à La Mecque, alors qu'ils se trouvaient dans un hôtel où ils s'apprêtaient à accomplir le complot. Selon le même organe de presse, le colonel Mohammed Ismaïl, officier des renseignements libyens, reconnu avoir été le commandant opérationnel du complot, a fui Djeddah où il se trouvait après la capture des quatre hommes. Il s'est dirigé, par la suite vers le Caire, mais les autorités égyptiennes l'ont arrêté et reconduit en Arabie Saoudite. Toujours d'après Asharq Al-Awsat, le complot a pu être découvert grâce aux mesures prises par le royaume saoudien. Cette tentative de meurtre, commente le quotidien Al-Jazira «n'est qu'une suite des dizaines de complots fomentés par l'esprit arriéré d'un homme malade», qui a «mené des attentats contre des avions et des ambassades», allusion faite au dirigeant libyen Maâmmar Gueddafi.En attendant la confirmation des accusations énoncées, les autorités officielles du royaume wahhabite ne veulent toujours pas faire le moindre commentaire. La crédibilité de cette thèse pourrait engager les relations entre les deux pays arabes vers un stade plus conflictuel.