A l'image d'Oscar Pistorius, la présence aux Paralympiques de sportifs handicapés ayant aussi participé aux JO soulève la question récurrente d'une éventuelle organisation des deux événements en même temps, qui favoriserait la couverture médiatique. Comme le veut la tradition, les Jeux paralympiques de Londres, qui se terminent dimanche, se sont déroulés plus de quinze jours après la fin des jeux Olympiques. Finances obligent, impossible pour les médias de laisser leurs très nombreux journalistes envoyés pour les JO attendre les Paralympiques. Les médias accrédités pour ces derniers, environ 2.500, sont presque dix fois moins nombreux, au grand dam des sportifs, notamment français. Qui plus est, outre la star sud-africaine Oscar Pistorius, devenu le mois dernier le premier double amputé à participer aux JO, d'autres sportifs handicapés étaient aussi aux jeux Olympiques, comme la pongiste polonaise Natalia Partyka, née sans avant-bras droit. La nageuse sud-africaine Natalie Du Toit, amputée d'une jambe, avait participé aux JO de Pékin. Comme Pistorius, la cycliste britannique Sarah Storey (handicapée à une main), s'est quant à elle alignée dans des mondiaux pour valides. D'où l'idée récurrente d'organiser les deux événements soit en une seule compétition, soit dans la foulée l'un de l'autre. C'est ce que pense par exemple l'escrimeuse olympique française Laura Flessel, très impliquée dans le mouvement handisport: «il faudrait réduire le temps entre (les compétitions)», pour avoir plus de visibilité. Mais avec 10.000 athlètes aux JO et plus de 4000 aux Paralympiques, et des centaines d'épreuves, organiser les deux compétitions d'une traite relèverait du casse-tête, pointent les instances paralympiques et certains sportifs présents à Londres. «Ce n'est pas réalisable. Il y a trop de choses ́ ́, estime ainsi Jason Hellwig, chef de mission du Comité paralympique australien, poids lourd du handisport. On ne peut pas avoir une compétition sportive avec 750 médailles d'or, avec autant d'épreuves en continu. Les gens ne le supporteraient pas», poursuit-il. Le CIP et le Comité international olympique (CIO) ont d'ailleurs récemment rejeté cette éventualité, s'engageant à maintenir le système actuel au moins jusqu'à 2020. Si cela devait néanmoins arriver, ce serait donc dans «un avenir très lointain», avait indiqué le président du Comité international paralympique. Les dix-sept jours qui séparent la fin des JO du début des Paralympiques servent d'ailleurs à adapter les sites aux nouvelles compétitions ou encore à remplacer les milliers de logos ou panneaux de signalisation de l'immense parc olympique par les couleurs paralympiques. Beaucoup de sportifs handicapés sont eux aussi opposés à une organisation conjointe, de peur que les spécificités du handisport soient diluées dans les JO, comme par exemple le goalball (jeu de ballon pour aveugles) ou la boccia (proche de la pétanque), deux disciplines paralympiques sans équivalent olympique. «Certains sports plus discrets seraient perdus et ce n'est pas juste. On ne veut pas se débarrasser des Paralympiques», estime notamment le coureur en fauteuil britannique David Weir tandis que le judoka américain Myles Porter se satisfait lui aussi du système actuel. De même que Pistorius. «Les jeux (Paralympiques) sont déjà énormes. Faire concourir les athlètes olympiques et paralympiques au même endroit et en même temps (...) serait vraiment un défi. Je ne sais pas si ça arrivera un jour», disait-il juste avant la compétition. De toute façon, «les JO sont un échauffement pour les Paralympiques», s'amusait le coureur surnommé «Blade Runner».