Le président Jorge Sampaio est depuis hier en Algérie. Il y effectue une visite d'Etat de trois jours à l'invitation de son homologue algérien le président Abdelaziz Boutef-lika. Cette première visite en Algérie d'un président portugais depuis 1986 est, d'ores et déjà, vue comme un événement de taille dans les relations bilatérales entre les deux pays. Elle était d'ailleurs prévue depuis longtemps mais a dû être reportée au moins à deux reprises, d'abord en raison de la guerre en Irak puis du tremblement de terre en Algérie en mai dernier. Il faut relever aussi que malgré le ton solennel qu'on tente de donner de part et d'autre à ce séjour en Algérie du chef de l'Etat portugais, ce pays gouverné par le centre-droit avait apporté, en l'absence de l'aval de l'ONU, un soutien politique tranché, sans cependant envoyer de troupes militaires, à la guerre américaine contre l'Irak. Sachant que la rue algérienne dans son ensemble est contre cette action belliqueuse de Washington, Alger et Lisbonne n'avaient pas pu alors occulter leurs divergences sur cette question irakienne, notamment lors de la visite de notre ministre des Affaires étrangères, M.Abdelaziz Belkhadem au Portugal en mars dernier. Il est à rappeler, à ce propos, que, selon les spécialistes de ce conflit, la décision d'envahir militairement ce pays arabe avait été prise aux Açores, des îles sous souveraineté portugaise, situées dans l'océan Atlantique. Aussi, pour beaucoup d'observateurs et d'analystes, le périple à Alger du président portugais s'inscrit dans les efforts de ce pays, plus atlantiste que méditerranéen, de développer et d'améliorer ses relations avec les pays de la rive sud de cette mer. Certes, le Portugal participe à toutes les institutions et forums de ce qu'on appelle le dialogue euro-méditerrannée, notamment dans la formule des (5+5) qui va tenir, juste après cette visite, son sommet des chefs d'Etat dans la capitale tunisienne. Similaire au voyage que vient d'effectuer dans notre pays son voisin, l'Espagnol, Aznar, celui de M.Sampaio va lui aussi permettre aux deux Chefs d'Etat de procéder à «l'examen exhaustif des bases de la concertation politique» et de l'état des «relations d'amitié et de coopération» économiques bilatérales qui existent entre les deux parties. Sur fond d'une balance commerciale nettement en faveur de l'Algérie (excédentaire de 219,05 millions de dollars pour les 9 premiers mois de l'année 2003), les relations économiques algéro-portugaises ont connu une progression constante au cours des dernières années, à la faveur d'un rapprochement entre les deux pays et, partant, d'un accroissement du volume des échanges commerciaux entre eux. Mais ce dernier n'a représenté l'année dernière qu'un montant de 180 millions d'euros même si une évolution plus dynamique est attendue en perspective avec l'intérêt manifesté par Transgaz pour la révision à la hausse des importations prévues dans l'accord gazier de 1994 qui porte sur la livraison de pas moins de 2,4 milliards de mètres cubes de gaz algérien au Portugal. Représentant quelque 150 millions d'euros, montant de la totalité des besoins de ce pays en gaz couvert par l'Algérie, notre pays importe de son vis-à-vis pour 50 millions d'euros couvrant divers produits manufacturiers dont des transformateurs pour le compte de Sonelgaz. Dans le domaine financier, un protocole signé, dès 1993, prévoyait l'ouverture d'une ligne de crédit commerciale de pas moins de 150 millions de dollars qui a été de surcroît complétée par une autre de 50 millions d'euros en l'an 2000. Timidement présentes sur le marché algérien, les entreprises portugaises ne sont pas moins autant nombreuses que diverses (Subérue 60 % de Liège Teleza et Alsthom Portugal pour l'équipement hydraulique de pompage, Simpor intérêt pour le secteur de la cimenterie, Coba travaux publics et infrastructures de bases, Télécom Portugal qui a soumissionné avec l'espagnol Telefonica pour la seconde licence algérienne de GSM, etc.). Et nul doute qu'à la faveur de ce voyage en Algérie du président Sampaio, ces entreprises tenteront d'accroître leurs opportunités d'affaires et d'investissements. D'ailleurs, la réunion d'un forum des hommes d'affaires des deux pays présidée par Sampaio en personne et le chef du gouvernement algérien Ahmed Ouyahia est programmée à cette occasion. Comme est prévue la réunion à Lisbonne le premier trimestre 2004 de la troisième session de la commission mixte algéro-portugaise.