Lakhdar Brahimi va-t-il réussir là ou Kofi Annan a échoué? Le médiateur international pour la Syrie, rencontrait hier au Caire des responsables égyptiens et arabes au début de sa délicate mission de paix, parallèlement à une réunion ministérielle régionale incluant l'Iran. Près de 18 mois après le début des violences qui ne connaissent aucun répit, rien ne permet de croire à une solution proche tant sont grandes la haine entre la rébellion, soutenue de l'étyranger, et le régime de Bachar Al Assad et les divergences entre les grandes puissances sur les moyens de régler le conflit. C'est dans ce contexte critique que M.Brahimi entame au Caire sa première mission depuis sa prise de fonction officielle le 1er septembre comme émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, qui pourrait être suivie d'une visite à Damas. Selon des sources officielles, M.Brahimi devait rencontrer hier Nabil al-Arabi, le patron de la Ligue arabe qui a suspendu la Syrie de ses travaux puis le président égyptien Mohamed Morsi, favorable à un départ du régime qu'il a qualifié d' «oppressif». Il verra ensuite le chef de la diplomatie égyptienne Mohammed Kamel Amr. Il doit aussi discuter avec des membres de l'opposition syrienne, selon son porte-parole Ahmed Fawzi. La date de sa visite en Syrie sera fixée, selon M.Fawzi, une fois les derniers détails finalisés et le programme des rencontres en Syrie établi. Parallèlement, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian s'est rendu au Caire pour participer à la première réunion d'un «groupe de contact» sur la Syrie dont M.Morsi a proposé en août la création, selon plusieurs responsables iraniens. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a confirmé hier la tenue d'une réunion au Caire du groupe de contact sur la Syrie, qui rassemble l'Egypte, l'Iran, l'Arabie saoudite et la Turquie. «Des délégations des ministères des Affaires étrangères des quatre pays (...) se réunissent aujourd'hui», a indiqué le ministère dans un communiqué à propos de ce groupe dont le président Mohamed Morsi a proposé la création le mois dernier. Les responsables doivent au cours de cette première réunion «échanger les points de vue sur les développements de la situation tragique en Syrie et les moyens de mettre fin au bain de sang et de réaliser les aspirations du peuple syrien», selon le texte. Pourtant, Damas avait affirmé vendredi que M.Morsi avait «signé l'arrêt de mort» de ce groupe par ses appels à un changement de régime. Depuis sa nomination, M. Brahimi n'a cessé de répéter que l'avenir de la Syrie serait «déterminé par son peuple et par personne d'autre». Il a tenu à ne pas soulever trop d'espoirs et demandé le «soutien de la communauté internationale». Si tous les pays soutiennent ses efforts, ils ne s'accordent pas sur les moyens de parvenir à un règlement. Pendant ce temps, les violences continuent de plus belle, le régime se disant décidé à en finir avec une rébellion qu'il assimile à du terrorisme. 1,2 million de Syriens à l'intérieur du pays dévasté ont besoin d'aide selon le commissariat de l'ONU au réfugiés (HCR). «Nous devons nous assurer que toute personne, des deux côtés, qui commette des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou autres violations des droits de l'homme internationaux ou du droit humanitaire soient traduits en justice», a par ailleurs dit le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, devant les 47 Etats du Conseil des droits de l'homme de l'ONU réunis à Genève. Navi Pillay, haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, a elle demandé «une enquête immédiate» sur le massacre de Daraya, près de Damas, où plus de 500 corps ont été découverts le mois dernier.