Synthèse de Ghada Hamrouche Le nouveau médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a qualifié hier sa tâche de «très difficile». A partir du Caire, première escale de sa délicate mission de paix, M. Braihimi a déclaré qu'il venait de réaliser à quel point sa mission était difficile. «Je réalise que c'est une mission très difficile, mais je pense que je n'ai pas le droit de refuser d'apporter une aide au peuple syrien», a-t-il dit devant la presse, après une rencontre avec Nabil al-Arabi, le chef de la Ligue arabe qui a suspendu la Syrie de ses travaux. Il a ajouté qu'il comptait se rendre en Syrie «dans les prochains jours» pour «y rencontrer des responsables et des gens de la société civile». Tout en disant «espérer» rencontrer M. Assad, il a souligné qu'à ce stade il «ne savait pas» si cela serait possible. M. Arabi a, pour sa part, affirmé que la mission de M. Brahimi, mandaté par l'ONU et la Ligue arabe pour tenter de rétablir la paix en Syrie, était «presque impossible» mais s'est dit confiant dans la capacité du diplomate algérien à la mener. Arrivé dimanche soir au Caire, l'émissaire international, qui a pris ses fonctions officiellement le 1er septembre, devait encore rencontrer le Président égyptien, Mohamed Morsi, favorable à un départ du régime Assad qu'il a qualifié d'«oppressif». M. Brahimi, qui aussitôt après sa nomination avait tenu à ne pas soulever trop d'espoirs, devait voir ensuite le chef de la diplomatie égyptienne, Mohammed Kamel Amr. M. Brahimi, notons-le, succède à Kofi Annan, qui a démissionné le 2 août en admettant l'échec de plusieurs mois d'efforts, qu'il a attribué à un manque de soutien de la communauté internationale, divisée entre Russes, Chinois et Iraniens, alliés du régime, et Occidentaux, Arabes et Turcs, partisans d'un départ de M. Assad. Si tous les pays soutiennent les efforts de M. Brahimi, ils ne s'accordent pas sur les moyens de parvenir à un règlement. Pékin et Moscou ont bloqué, au Conseil de sécurité de l'ONU, trois résolutions condamnant le pouvoir. Dans le cadre d'autres efforts diplomatiques, l'Egypte a confirmé la tenue d'une première réunion au Caire d'un «groupe de contact» sur la Syrie, dont M. Morsi a proposé la mise sur pied, mais dont la création n'a jamais été annoncée officiellement. «Des délégations des ministères des Affaires étrangères des quatre pays (...) se réunissent aujourd'hui», a indiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères. L'Iran y a dépêché son vice-ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian. Damas avait pourtant affirmé, vendredi, que M. Morsi avait «signé l'arrêt de mort» de ce groupe par ses appels à un changement de régime. Et parallelement à ces initiatives tous azimuts, les violences continuent de plus belle sur de nombreux fronts, faisant de nouveaux morts et occasionnant de nouveaux dégâts, le régime restant décidé à en finir avec une rébellion qu'il assimile à du «terrorisme». A Alep, la métropole du Nord, meurtrie par huit semaines de combats, l'armée de l'air a pilonné plusieurs quartiers rebelles, au lendemain d'un attentat contre des bâtiments abritant des forces fidèles au régime qui a fait 27 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 par une contestation pacifique qui s'est militarisée, ne cesse de connaître une escalade de violences sans précédent. Les combats ne connaissent aucun répit. Rien ne permet de croire à une solution proche, tant sont grandes la haine entre rébellion, armée par l'Occident, et le régime de Bachar al-Assad et importants les conflits d'intérêts entre les grandes puissances sur les moyens de régler le conflit.