Selon toute vraisemblance, l'Algérie vivrait ses tout derniers mois de terrorisme. Des sources sécuritaires, généralement bien informées, nous indiquent que le terrorisme en Algérie vit actuellement ses derniers moments. Selon des informations qui parviennent des maquis encore actifs, rapportés par des repentis, «pas moins de 90 % des terroristes se montrent prêts à se rendre et n'attendent plus que l'amnistie générale du président avant de le faire». Déjà, nous apprenons que des contacts très poussés entre les services de sécurité et les maquis de Bouira et de Boumerdès ont lieu depuis trois semaines afin que ces groupes se rendent. Le même phénomène, au reste, serait observé dans d'autres régions du pays depuis que le Gspc, décapité, s'est retrouvé sans direction homogène. Les terroristes, toutefois, attendent les garanties nécessaires avant de déposer définitivement les armes. Partant de ces déclarations, il est possible de dire que le terrorisme, déjà à un état résiduel, ne sera plus qu'un vieux souvenir dans les quelques mois à venir. En subsistera quelques bandes criminelles dont le ton est donné présentement par l'insaisissable Mokhtar Belmokhtar (MBM pour les gens du terrain). Cela étant, le terrorisme en Algérie peut encore frapper et même faire très mal. La démonstration en est régulièrement apportée. Les mêmes sources sécuritaires estiment de la sorte que le nombre de terroristes actifs, même s'ils ne sont pas tous armés, est légèrement supérieur à 400. Ils sont, grosso modo, scindés en cinq groupes principaux, dont un seul basé sur les hauteurs de Médéa et opérant des incursions jusqu'à Hammam Melouane, n'est pas affilié au Gspc. Il s'agit du Gspd, que dirige l'émir Souane. Celui-ci, qui aurait tenté de négocier une reddition générale, serait revenu sur sa démarche. C'est du moins ce que nous apprennent nos sources qui ajoutent que les quelque 15 survivants du défunt GIA auraient tous rejoint les rangs de ce groupe pouvant encore faire beaucoup de dégâts dans ces régions, même si le pressing sécuritaire et la vigilance citoyenne en réduisent considérablement les mouvements et le champ d'action. La zone, située à cheval entre Médéa, Ténès et Relizane, est contrôlée par un groupe qui se trouve à bout de souffle et qui n'a plus commis d'attentats depuis plus d'une année. L'on croit même savoir que ces éléments seraient en négociations serrées dans le but d'aller vers une reddition générale. Parallèlement à ce groupe, le Gspc est actuellement scindé en quatre principales factions, fortes de quelque 300 hommes, sans la moindre coordination entre eux, depuis que Hassan Hattab, fondateur du groupe, a été liquidé par ses pairs, que son successeur, Nabil Sahraoui, a été abattu par les services de sécurité et que l'actuel responsable national, Abou Ibrahim Mustapha, ne fait pas l'unanimité. Une guerre ouverte a même éclaté autour du contrôle national du groupe et, plus spécialement, du trésor de guerre accumulé durant les longues années de terrorisme, estimé à plusieurs milliards de centimes. La zone II, qui est la plus importante, regroupe les maquis de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira. Le plus gros des hommes encore valides s'y trouve regroupé. Il occupe les redoutables monts de Sidi Ali Bounab, Boumehri, Takhoukht, Mizrana et Bouzegza. A proximité de ces maquis, où le pressing des services de sécurité se fait de plus en plus pressant, se trouve le maquis de Boumerdès où de très nombreux attentats, plus sanglants et inquiétants les uns que les autres, ont été commis durant ces dernières semaines. Les zones les plus touchées sont Zemmouri, Dellys et Sahel Bouberak. Skikda est occupée par deux importants groupes contrôlés, l'un par Brouche et l'autre par Kaâkaâ. Ces derniers, qui se trouvaient en guerre l'un contre l'autre, auraient récemment fait jonction dans le seul but de s'attaquer à Abou Ibrahim. La zone 9, que Mokhtar Belmokhtar contrôlerait depuis l'interpellation d'Abderrezak El-Para, jouirait toujours d'une force de frappe assez importante, comme le confirme le récent attentat commis contre un convoi militaire du côté de Djelfa. Ce groupe, qui se trouve déjà derrière l'assassinat du prince saoudien Talal et l'enlèvement des touristes européens, trouve refuge à Messaâd, à quelque 50 km du chef-lieu de wilaya. Mokhtar Belmokhtar, qui décrète appartenir toujours au Gspc, ne s'en est pas moins reconverti au grand banditisme. Les dernières nouvelles indiquent ainsi qu'il se déplace entre le Niger, le Mali et Illizi avec la complicité des tribus Azaouad avec lesquelles il est en «affaire». Bien entendu, la zone d'Alger en particulier et les grands centres urbains en général, constituent toujours un abcès de fixation pour ces groupes, lesquels ont recours aux «vétérans» du GIA, spécialistes de la guérilla urbaine, dans le but de desserrer l'étau sur les poches de maquis encore existantes. Sur ce point précis, nos sources, qui en veulent pour preuve les nombreux activistes neutralisés au niveau de la capitale ces derniers temps, se montrent formelles en soulignant que les terroristes n'ont aucune chance d'infiltrer la capitale, très bien quadrillée et surveillée par les différents services de sécurité et de renseignement. Il convient de signaler que les maquis manquent énormément d'armement. La raison en est toute simple : la plupart des fusils d'assaut et fusils mitrailleurs récupérés à la suite d'attentats commis sur les patrouilles de l'ANP, ne leur servent plus à rien, faute de munitions. La plupart de ces armes ont été enterrées dans les maquis, y compris à Baïnem, et bien malin celui qui les trouvera un jour. Toujours est-il qu'à l'exception de quelques kalachnikovs et fusils à canon scié, les terroristes encore actifs se déplacent le plus souvent armés de pistolets automatiques de calibre 9 mm, dont les munitions sont faciles à trouver, mais qui sont peu efficaces lors des accrochages. Les terroristes utilisent également des bombes et des mines artisanales capables, quant à elles, de causer beaucoup de dégâts, comme cela a été récemment le cas à la suite de l'attentat commis contre la station électrique du Hamma.