«Ce sont les femmes que l'on choisit et non les hommes» Proverbe kabyle L'ancien directeur d'Al Khabar, Ali Djerri, a été nommé comme DG de la télévision Ennahar, par le P-DG du groupe Ennahar Anis Rahmani. Même si le parcours d'Ali Djerri en tant journaliste et responsable de la plus importante publication arabophone est reconnu sur le plan national et international, cette nomination a relancé le débat sur la concurrence entre les journalistes de la presse écrite et les journalistes issus du monde audiovisuel. Pour Ali Djerri, la télévision Ennahar sera pour lui un nouveau défi, après un passage dans la presse écrite réussi. Au moment où Echourouk TV a choisi de recruter des responsables venus de l'Entv, (Slimane Bakhlili, Leila Bouzidi, Khoudri et même Mme Leila), Ennahar TV a choisi d'écarter (pour le moment) les compétences de l'Entv et faire confiance à des journalistes nouvellement diplômés de l'Itfc ou venus du monde de la presse écrite comme Habet Hannachi, Abder Bettache, l'ex-journaliste de Liberté et de la chaîne saoudienne ART Souhila Battou, ou encore Djaouida Abbas, ex-journaliste de la Chaîne III. Ce choix n'est pas fortuit mais calculé. Les journalistes de la presse écrite ont acquis durant ces dernières années des réflexes de liberté d'expression et de ton, qui ont renforcé leur capacité d'adaptation au monde audiovisuel actuel, au moment où certains journalistes de l'Unique ont contracté les réflexes d'autocensure, qui freinent leur expansion dans le monde audiovisuel actuel. Cette situation est semblable à ce qu'avaient vécu les journalistes de la première télévision privée algérienne Khalifa TV en 2003. Au bureau de la chaîne à Alger, deux écoles de journalisme s'affrontaient: les équipes de KTV en français issues pour leur majorité de la presse écrite et de la radio, soigneusement dirigée par Mounir Boudjemaa et les équipes de Knews en arabe venues pour leur majorité de l'Entv et qui étaient dirigées par Soraya Bouamama. Les deux équipes appartenaient au même groupe mais avaient deux traitements différents. La télévision francophone KTV avait toujours eu une avance dans le traitement et la diffusion de l'information, alors que les ex-journalistes de l'Entv, qui avaient gardé les vieux réflexes de l'Unique se contentent seulement de diffuser l'information. Mais peu à peu Soraya Bouamama, a rattrapé son retard et a instruit ses journalistes à faire preuve de plus d'audace dans le traitement de l'info. Le meilleur exemple de son équipe était l'interview exclusive qu'avaient réalisé les journalistes de Knews de l'ambassadeur irakien lors des manifestations de soutien des députés algériens du MSP et Ennahda devant l'ambassade américaine. Les journalistes de Knews avaient osé interviewer le diplomate irakien en pleine rue, bloqué dans sa voiture, par la circulation. Cette interview de quelques secondes avait fait le tour du monde et était la première réaction officielle irakienne sur l'intervention américaine en Irak. C'est justement cette attitude professionnelle que recherchent les nouveaux patrons des télévisions privées, à l'image d'Ennahar TV: rechercher l'info et le scoop là où il se trouve et concurrencer les grandes machines audiovisuelles Al Jazeera, Al Arabiya ou encore BBC arabic. Reste que le monde de la plume est aujourd'hui totalement différent du monde de l'image et la reconversion doit être rapide et efficace dans un monde politique et culturel en perpétuel mouvement. [email protected]