Les Algériens ont l'embarras du choix, effaçant de fait la très médiocre Unique Après 50 ans de monopole de l'Entv, le paysage médiatique algérien est devenu pluraliste grâce à des chaînes qui ont exploité un vide juridique. Qui aurait cru, il y a de cela moins de deux ans, que le champ audiovisuel algérien serait investi par plusieurs chaînes de télévisions privées? Ennahar TV, Echourouk TV, El Djazaïria, El Magharibia...etc, sont autant de chaînes, toutes d'expression arabophone, qui ont «poussé» durant ces neuf derniers mois. Les Algériens ont l'embarras du choix, effaçant de fait la très médiocre Unique. Mais comment, cela est-il devenu effectif? Le 15 avril 2011, le Chef de l'Etat a annoncé, dans un discours prononcé dans le sillage du bouleversement politique de notre région, des réformes politiques dont l'ouverture du champ audiovisuel, monopolisé jusqu'alors par le secteur public à travers la très impopulaire Entv. Au lendemain de cette annonce, une dizaine de professionnels dont les directeurs de publication de L'Expression et d'El Watan, mais aussi d'entrepreneurs ont fait part de leur intention de s'investir dans le domaine et apporter leur pierre à l'édifice. Les annonces ont été accueillies favorablement par les Algériens qui espéraient mettre un terme à la médiocrité de l'Unique et des zappings sur les chaînes étrangères à la recherche des informations concernant...l'Algérie! Pour concrétiser la promesse, il fallait réviser la loi sur l'information. La nouvelle loi a été adoptée le 14 décembre 2011 à l'APN et publiée le 12 janvier 2012 au Journal officiel. L'ouverture de l'audiovisuel est enfin matérialisée dans un texte de loi. Sauf qu'un vide juridique persiste depuis, la loi sur l'audiovisuel n'étant pas encore adoptée. C'est sur ce vide juridique que les nouvelles chaînes satellitaires privées, Ennahar TV, El Chourouk TV, El Djazaïria...ont sauté et commencé à émettre. Le paysage audiovisuel national est devenu, de fait, pluriel sans qu'aucune loi ne l'encadre pour le moment. Ces chaînes privées de droit étranger enregistrent leurs émissions en Algérie en toute liberté, couvrent les activités officielles, réalisent des interviews exclusives mais émettent à partir de l'étranger, notamment à partir des pays du Golfe. Certaines émissions, comme celles d'Ennahar TV et Echourouk TV, où la parole est donnée exclusivement aux citoyens pour s'exprimer sur un thème donné, ont un effet boule de neige. Le nombre des téléspectateurs ne cesse d'augmenter, réduisant la télévision publique à sa plus simple expression. Même l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a exprimé sa satisfaction, à en croire un cadre du RND qui s'exprimait récemment sur Ennahar TV, du travail fait par ces chaînes, notamment ces émissions «citoyennes». Mais les observateurs et analystes sont sceptiques quant aux objectifs de la passivité devant les chaînes. «Ces émissions sont lancées pour faire croire aux citoyens qu'il y a une vraie liberté d'expression et le jour où un parti ou une organisation de la société civile appelle à une manifestation pour demander la liberté d'expression, ces gens diront qu'ils s'expriment déjà librement. C'est une fumisterie», estime un observateur de la scène médiatique nationale. Ce qui est sûr, c'est que ces chaînes font beaucoup plus mieux que l'Entv. Elles diffusent des informations en temps réel et elles couvrent les manifestations même dans les quartiers en diffusant les vidéos de téléspectateurs. Cependant, le vide juridique dans lequel évoluent ces télévisions n'inquiètent, cependant pas, outre mesure les pouvoirs publics. L'ex-ministre de la Communication, Nacer Mehal, a reconnu la veille de son éviction du gouvernement, que ces chaînes profitent de ce vide, avouant son impuissance devant la situation. M.Mehal avait annoncé que la loi sur l'audiovisuel sera présentée au gouvernement fin octobre-début novembre. En attendant, le champ audiovisuel algérien continue d'évoluer comme si l'expérience datait déjà de longtemps.