Les auteurs ont méticuleusement planifié leur opération. Dans la matinée de jeudi dernier, les détenteurs de comptes à la poste de la rue Hassiba-Ben Bouali, à Alger, ont été surpris de constater que l'agence a fait l'objet d'un hold-up. Une somme de 700 millions de centimes aurait été emportée par un individu qui a pris la fuite. Sans éveiller les soupçons des employés de la poste, l'assaillant a rejoint deux de ses comparses qui étaient, selon des témoins, à bord d'une Daewoo de couleur grise, stationnée à quelques mètres. Le vol s'est produit entre 11 h 30 et 12h 30, soit au moment où le receveur comptait la recette à l'intérieur de son bureau. A ce moment précis, un individu âgé d'environ une trentaine d'années s'est introduit dans le bureau. Celui-ci, qui, selon des informateurs, serait connu des services de police, aurait reçu, une heure auparavant, un appel téléphonique de la part de l'individu qui «prétendait être du Département des renseignements et sécurité (DRS)». Sur les lieux, «ce dernier aurait même exhibé un document du corps de sécurité». Mis en confiance, le receveur n'a pas opposé de résistance et autorisé l'accès à ce dernier. Ce n'est qu'à l'intérieur du bureau et après que la porte s'est refermée que «l'agresseur a braqué une arme à feu sur le receveur pour le contraindre à lui remettre la totalité de l'argent tout en prenant soin de le tenir loin de la sonnette d'alarme». Selon des sources sûres, «l'auteur aurait même fait usage d'une bombe lacrymogène pour neutraliser le receveur, le bâillonner et emballer soigneusement les billets dans un carton pour ensuite ressortir sans se faire remarquer». Selon les témoignages, «l'agresseur savait que la poste ne possédait pas de surveillance vidéo, ce qui lui a permis d'opérer en toute quiétude». Quelques minutes après, un nombre impressionnant d'éléments de la police judiciaire, de la répression du banditisme ainsi que de la police scientifique étaient sur les lieux pour constater le vol, tandis que d'autres s'activaient à recueillir les témoignages oculaires. Une véritable chasse à l'homme a été entreprise par les policiers pour retrouver la trace des attaquants. On croit savoir que, dans un premier lieu, ces derniers ont été «repérés et poursuivis au niveau de la gare Agha mais ont réussi à prendre la fuite» et quelques heures plus tard, «ils auraient été repérés sur la route moutonnière». Pour l'heure, les forces de sécurité s'activent à identifier l'auteur et ses complices à travers «le signalement fourni par le receveur et les témoins». Ce hold-up qui survient à quelques jours du braquage de la BDL de Béjaïa inquiète les forces de sécurité et met en exergue l'émergence du grand banditisme qui requiert des moyens autrement plus importants, pour son éradication. Le professionnalisme, traduit par une planification méticuleuse dont ont fait preuve les auteurs du casse, démontre, en tous les cas, l'émergence d'une nouvelle catégorie de malfrats audacieux, opérant à visage découvert et sous des couvertures trompeuses. Les services de sécurité espèrent la collaboration des citoyens pour «minimiser les frais».