Omar El Bechir, et son homologue du Soudan du Sud, Salva Kiir Mayardit, poursuivaient hier leurs négociations directes dans une tentative de régler les questions en suspens qui enveniment leurs relations. Sous les auspices de l'Union africaine (UA), les deux présidents ont entamé dimanche dans la capitale éthiopienne des discussions en tête-à-tête dont l'objectif est d'éviter de nouveaux conflits. De précédentes consultations entre les délégations des deux pays avaient déjà permis de déboucher sur des accords sur certaines questions. Avant cette rencontre, la première du genre depuis les combats frontaliers ayant opposé les armées des deux pays entre mars et mai derniers, le porte-parole de la délégation sud-soudanaise, Atif Kirr, a affirmé que malgré la persistance des divergences, les équipes (de négociateurs) «travaillent à rapprocher les écarts entre les deux présidents». «Nous n'allons plus nous battre, nous connaissons le prix de ces 50 années de guerre (entre le Nord et le Sud)», a ajouté le porte-parole sud-soudanais, M.Kiir. «Il est temps de reconstruire nos vies, de reconstruire notre pays», a-t-il encore dit. «Il y a quelques différences (...) mais tous les problèmes sont sur la table et ils (les présidents) vont s'y attaquer», a déclaré, de son côté, le porte-parole de la délégation soudanaise, Badr el-din Abdullah. Pour les deux parties, le Sommet d'Addis Abebba est considéré comme «un moyen de parvenir à une avancée majeure afin d'éviter des sanctions internationales», alors que la date limite qu'avait fixée le Conseil de sécurité de l'ONU pour la conclusion d'un accord a expiré samedi. De ce fait, les Nations unies exigent des deux présidents qu'ils résolvent les problèmes clés qui étaient encore en suspens entre les deux Etats avant la sécession. Dans sa résolution 2046, le Conseil de sécurité onusien avait averti qu'il imposerait des sanctions aux deux pays s'ils ne réussissaient pas à régler leurs différends et à signer un accord pour le 22 septembre. La date butoir avait été annoncée par l'ONU alors qu'éclataient de violents incidents frontaliers en mars, lorsque les troupes sud-soudanaises appuyées par des blindés ont brièvement pris le contrôle du champ pétrolifère potentiellement riche d'Heglig et que le Soudan a lancé des raids aériens meurtriers en riposte. Parmi les questions en suspens, figurent la question des régions frontalières contestées, particulièrement celle d'Abyei, ainsi que la constitution d'une zone frontière démilitarisée après des récents affrontements sanglants. La zone tampon permettra également de couper les routes de soutien aux forces rebelles dans les zones en crise soudanaises du Sud Kordofan et du Nil Bleu où Khartoum accuse Juba de fournir une aide à ses anciens alliés durant la guerre avec le Nord. Plusieurs rounds de discussions ont eu lieu dans le passé mais n'ont permis d'aboutir à aucun accord. Les deux camps ont déclaré qu'ils étaient désormais optimistes. Ainsi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé les deux dirigeants à «prendre leurs responsabilités pour résoudre les différends subsistant entre eux, afin que le sommet d'Addis-Abeba se termine par un succès marquant la fin d'une ère de conflits». De son côté, l'UA a déclaré samedi dans un communiqué qu'elle se réjouissait de la tenue de ce sommet entre les présidents El Bechir et A.Kiir, et qu'elle encourageait les deux dirigeants à «profiter de cette occasion unique pour parvenir à un accord sur les questions en suspens dans les relations entre les deux pays». Pour l'UA, la crise affectant le Soudan et le Soudan du Sud «est une crise africaine». Par conséquent, il est du devoir de l'Afrique d' «aider les deux pays à parvenir à une solution durable», selon l'Organisation panafricaine.