Coup de tonnerre, samedi, dans la capitale éthiopienne Addis Abeba. Tandis que les deux chefs d'Etat devaient se réunir, une nouvelle fois (ils se sont rencontrés au début du mois en marge du 19e Sommet l'UA) pour faire avancer les négociations sur les questions en suspens (partage du pétrole, démarcation de la frontière et au statut de la région pétrolifère d'Abyei...), Juba a accusé Khartoum d'avoir bombardé son territoire. Selon le porte-parole de l'armée sud-soudanais, Philip Aguer, des avions soudanais, de fabrication russe, Antonov, ont largué plusieurs bombes sur un endroit appelé Rubaker, dans (l'Etat) du Bahr-El-Ghazal-Nord, blessant deux civils. Pour M. Aguer, cette nouvelle attaque « pourrait expliquer la volonté du Soudan de cesser les pourparlers ». « La dernière fois qu'ils ont voulu interrompre les négociations à Addis Abeba, ils nous ont bombardé (...) c'était le 26 mars » a-t-il argué. Le ministre sud-soudanais de la Communication, Barnaba Marial Benjamin a accusé, lui, « certaines personnes au sein du régime de Khartoum de vouloir saboter le processus de discussions parce qu'elles s'opposent à tout dialogue entre les deux pays ». Le Soudan a aussitôt nié les accusations de son voisin du sud, accusant les rebelles sud-soudanais du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) de vouloir « attaquer le Soudan en passant par le Soudan du Sud ». « Les Forces armées soudanaises ont riposté, mais à l'intérieur du Soudan (...) les Forces armées soudanaises n'ont pas violé le territoire sud-soudanais » a assuré Omar Dahab, l'un des négociateurs soudanais. « L'Armée soudanaise n'a entrepris aucune action contre les forces de la République du Soudan du Sud malgré le fait que l'Armée populaire de libération du Sud Soudan se trouve sur le sol soudanais, dans certaines régions du Darfour oriental », déclare le porte-parole de l'armée soudanaise Sawarmi Khaled Saad. « Nous avons porté des frappes aériennes contre le Mouvement pour la justice et l'égalité » qui opère avec le soutien de Juba au Darfour, précise t-il. Malgré le démenti de Khartoum, la délégation sud-soudanaise dépêchée à Adis Abeba, a annoncé la suspension des pourparlers directs avec les négociateurs soudanises. « Les seules négociations qui se feront maintenant, se feront via le panel de l'UA » a déclaré son porte-parole, Atif Kiir en estimant que la poignée de main que se sont donnés les présidents Béchir et Kiir n'avait « pas eu d'écho ». Une attitude qui n'a pas été du goût du Parti du Congrès National (NCP) au pouvoir à Khartoum. L'un des ses responsables, Mohamed Hassabo Abdul-Rahman a minimisé de cette décision, excluant qu'elle avait pour but de paralyser les négociations entre les deux pays. Néanmoins, le NCP a renouvelé son engagement de « prioriser » le dossier de la sécurité dans les négociations avec Juba, sur les autres questions en suspens. « Le dossier de la sécurité est le dossier prioritaire (...) viennent ensuite les questions de la frontière, le pétrole et l'économie, et les problèmes des citoyens » a indiqué M. Abdul-Rahman. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a fixé un ultimatum jusqu'au 2 août prochain aux deux pays pour conclure des accords sur leurs différends.